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« Blessées à mort », un projet théâtral pour dénoncer les violences faites aux femmes

Stagiaire Le Vif

« Blessées à mort » est un projet théâtral écrit et mis en scène par Serena Dandini. En représentation depuis 2012 en Italie, ce projet donne pour la première fois la parole aux victimes à travers la voix de diverses personnalités telles Marie-Esméralda de Belgique ou Joëlle Milquet.

Quelle est l’origine de votre projet théâtral ?

Serena Dandini : « Il est né d’une indignation profonde. En Italie une femme meurt tous les deux ou trois jours sous les coups de son conjoint, de son ex-conjoint ou de son amoureux. Et ça n’arrive pas seulement dans mon pays, mais partout dans le monde. Le féminicide est un phénomène qui ne connaît pas de frontières, ni de différences de classes sociales ou de niveau culturel. J’ai commencé à écrire les histoires de Blessées à mort, avec la contribution scientifique de Maura Misiti, chercheuse au Centre National de la Recherche scientifique en Italie. »

Pourquoi avoir choisi le théâtre comme canal de communication ?

« Parce que je pensais que le langage théâtral serait en mesure de toucher un plus vaste public, d’arriver là où beaucoup d’analyses sociales et de conférences, bien qu’absolument nécessaires, n’arrivent pas. Chaque histoire est un monologue, il s’agit de l’expérience d’une victime qui pour la première fois raconte sa propre version des faits. Trop souvent la voix des victimes de féminicides n’est relayée que par des talk-shows à la télé, intéressés surtout par les détails scabreux qui « font de l’audience », et qui, ce faisant, finissent par brutaliser une fois de plus la victime. »

Pourquoi faire participer des personnalités du monde politique, de la musique,etc. ?

« Notre idée était de créer une équipe de femmes représentatives de plusieurs types de réalité. Les comédiennes et les femmes de spectacle attirent l’attention de l’opinion publique… et des personnes les plus distraites. Ensuite nous ont rejoints les femmes des centres antiviolence, les forces de police, toutes celles qui se trouvent en première ligne pour combattre le phénomène du féminicide. Nous avons invité aussi des politiciennes parce que nous voulions qu’elles prennent connaissance du problème « de l’intérieur », directement par la voix des victimes. »

Comment ont réagi les politiciens face à ces représentations ?

« Nous avons enregistré un succès politique important: l’Italie a signé et ratifié la Convention d’Istanbul (traité international sur les droits de l’homme adopté par le Conseil de l’Europe pour la protection contre la violence contre les femmes et les violences domestiques) et nous sommes convaincus que c’est arrivé un peu aussi grâce à nous, qui avons contribué à maintenir l’attention sur le problème. Mais pour permettre à la convention de devenir une loi, elle doit être signée par dix pays, dont huit de l’Union européenne. Ça veut dire qu’il y a encore du boulot à faire et c’est pour ça que nous sommes maintenant à Bruxelles, au coeur de l’Union européenne. »

« Blessées à mort »

Où : Théâtre Saint Michel (Rue Père Eudore Devroye 2, 1040 Etterbeek) Quand : Le 28 novembre 20h30 Prix : 30e (une partie des bénéfices sera destinée à la lutte contre les violences faites aux femmes)

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