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Bisbille entre le cdH et Ecolo autour du « mur de Mouscron »

Pour Ecolo, l’Humanisme du cdH « se prend un mur » suite à l’érection envisagée d’un mur pour entraver le passage de gens du voyage entre Wattrelos (France) et Mouscron. Une déclaration qui a stupéfait le président du cdH, Benoit Lutgen. Il trouve que ce sont des « fausses informations et des comparaisons outrancières »d’Ecolo.

Le parti Ecolo a vivement dénoncé lundi le projet de construction de mur à Mouscron, commune dirigée par le cdH Alfred Gadenne. Pour les Verts, cette décision est aux antipodes de l’idéal humaniste. « L’humanisme a principalement placé à l’époque moderne le respect de la personne humaine au centre de ses préoccupations avec pour objectif l’épanouissement personnel de chacun », rappellent Zakia Khattabi et Patrick Dupriez, co-présidents d’Ecolo dans un communiqué.

« Alors que nous commémorons l’anniversaire d’une guerre dont une des conséquences fut l’établissement d’un mur, un rideau de fer qui a divisé l’Europe durant 30 ans. Alors que l’actualité au Proche-Orient nous rappelle quotidiennement que les murs contribuent à creuser des fossés profonds entre les peuples, des autorités belges rêvent de construire un mur de démarcation entre des citoyens, flattant les peurs supposées des uns et stigmatisant les autres ». Le parti qui se revendique de l’humanisme cautionne-t-il l’attitude de ces troupes mouscronnoises ? Nous n’avons pas la réponse à cette heure ».

« Face au repli sur soi et face à la peur de l’autre, nous devons en tant que mandataires politiques démocrates et humanistes, travailler au quotidien à construire des ponts entre les communautés et les individus mais aussi à nourrir la confiance entre chacun. Cette responsabilité politique est la nôtre et est fondamentale dans un contexte de crise qui ouvre la voie aux extrêmes politiques. Car ceux-ci se nourrissent de la peur qu’elle soit celle des citoyens ou celle de mandataires démocrates pour qui la notion d’humanisme s’arrête à la hauteur d’un mur », concluent les Verts.

Lutgen dénonce les « fausses informations et comparaisons outrancières » d’Ecolo

Dans un communiqué, le président des humanistes précise que ce projet est situé « exclusivement » sur le territoire français. « Les autorités de Mouscron (dirigée par le cdH Alfred Gadenne, ndlr) n’ont donc pris aucune décision à ce sujet. Pour la bonne information des co-présidents d’Ecolo, un bourgmestre belge n’a pas la possibilité de décider de projets en territoire étranger », ironise M. Lutgen pour qui la réaction des co-présidents d’Ecolo relève de la « fausse information ». Pour le patron du cdH, ce projet « exclusivement français » est animé de la volonté de « protéger l’intimité des gens du voyage et des riverains ». « Comme pour n’importe quel camping ou projet, il va de soi que le respect de l’intimité et de la vie privée sont des éléments importants. Certains représentants des gens du voyage se sont d’ailleurs exprimés en faveur de cette protection pour respecter leur intimité », souligne M. Lutgen. Selon lui, comparer cette situation avec le « mur de Berlin ou des murs au Proche-Orient comme le fait Ecolo relève de la comparaison outrancière et d’une grave banalisation de ces faits ».

Le bourgmestre Alfred Gadenne (cdH) persiste et signe lors du conseil communal

Le bourgmestre Alfred Gadenne (cdH) persiste et signe: le projet est exclusivement français et il n’a jamais demandé la construction de ce mur. « Nous avons toujours été contre ce projet qui se situe trop près de chez nous », a martelé le bourgmestre qui dit avoir été mis devant le fait accompli. Il a aussi prétendu que la presse locale « a mal interprété ses propos », a assisté à une réunion de présentation du projet français en février dernier et a exhibé un plan qui, selon lui, prouve que le mur était dans le projet initial et que la municipalité de Wattrelos ne lui a pas demandé son avis. « On s’est opposé au projet exclusivement français mais vu qu’il est lancé, on s’engage à le suivre et nous avons demandé que ces gens ne détiennent pas d’armes, la mise en place d’un comité de suivi impliquant des citoyens belges et la désignation d’un partenaire français qui relayera aux autorités françaises les problèmes constatés de ce côté-ci de la frontière », dit celui qui ne qualifie pas ce mur de « mur de la honte » mais d’un « petit mur derrière lequel se trouveront des douches et des sanitaires ».

« indigne et ridicule » selon Christiane Vienne (PS)

Lundi, lors du conseil communal de Mouscron, le parti socialiste a rappelé que cinquante murs de séparation avaient été construits aux quatre coins du globe depuis la chute du Mur de Berlin, mais « ils n’ont pas rendu le monde plus sûr ». Construire un mur entre une aire d’accueil destinée aux gens du voyage à Wattrelos et Mouscron est « indigne et ridicule », selon Christiane Vienne, (PS) qui ajoute que ce mur est « une injure à ce qu’est Mouscron, une terre d’accueil ». Les socialistes ont été imités par les écologistes qui ont qualifié le projet de « populiste ». Chloé Deltour a sollicité l’avis du Centre d’égalité des chances sur la question.

Socialistes et écologistes ont demandé aux autorités communales d’avoir « une vision claire des projets de réhabilitation des quartiers frontaliers ». Ce à quoi le bourgmestre a répondu qu’une série de projets avaient été lancés et que d’autres étaient dans les cartons, notamment dans le quartier du Mont-à-Leux où la délinquance n’est pas une utopie.

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