Bien s’assurer pour mieux travailler

La souscription de toute assurance doit être précédée d’une évaluation du risque, qui s’effectue généralement en concertation avec le courtier.

Il y a pléthore d’assureurs et d’assurances : comment l’entrepreneur, établi ou débutant, peut-il s’y retrouver ? Brève introduction à la question des assurances.

La souscription de toute assurance doit être précédée d’une évaluation du risque, qui s’effectue généralement en concertation avec le courtier. Pour nombre de titulaires de profession libérale et d’indépendants, les risques sont connus et faciles à apprécier. Dans certains cas, une assurance responsabilité professionnelle, éventuellement rendue obligatoire par la loi ou par la fédération professionnelle (des avocats, des architectes ou des médecins) considérée, s’imposera en sus.

Apprécier le risque

Reste qu’apprécier le risque n’est pas toujours simple. « Certaines petites entreprises fabriquent des produits utilisés dans le monde entier : là, la responsabilité devient un sujet particulièrement sensible », commente Paul Marck, directeur chez le courtier ADD. « Imaginons que vous produisiez un petit élément électronique qui s’intègre dans un moteur d’avion ; en cas de crash, tous les composants, dont le vôtre, seront examinés à la loupe. »

Songeons également au petit indépendant qui conclut un contrat avec une multinationale : celle-ci va souvent lui imposer de lourdes obligations qui, en cas de sinistre, pourront entraîner sa faillite.

Une fois les risques inventoriés, inutile de se précipiter chez son assureur : mieux vaut d’abord se consacrer au volet prévention. « Au cours d’une inspection technique, l’ingénieur peut émettre des recommandations allant dans le sens d’une intensification de la sécurité incendie, qui elle-même permettra d’obtenir une police correspondante plus avantageuse », expose Benny Custers, codirecteur chez ADD.

N’hésitez surtout pas à négocier avec les fournisseurs et les clients. Si votre entreprise collabore avec de grandes industries, il vous sera difficile de peser sur les conditions ; par contre, si vous êtes un des seuls à fournir un certain produit de haute technologie, vous disposerez d’une marge de négociation.

Les capitaux assurés

A combien doivent s’élever les capitaux assurés ? Quel sera le chiffre d’affaires perdu en cas de sinistre ? Si vous dépendez de fonds de tiers, vous ne pourrez pas vous permettre les mêmes dommages que si vous fonctionnez plutôt sur vos fonds propres ; en outre, dans ce dernier cas, vous pourrez opter pour une franchise plus élevée et dès lors, bénéficier d’une prime inférieure.

La fréquence à laquelle le risque est susceptible de se concrétiser intervient elle aussi : plus vous roulez en voiture, plus le risque d’accident est élevé ; il en va de même si votre entreprise héberge un processus de production dangereux, si elle importe beaucoup ou si elle emploie de nombreux travailleurs. « La situation n’est toutefois jamais statique, rappelle Paul Marck. L’entreprise grandit, l’effectif du personnel change, elle se lance éventuellement dans l’exportation… »

La plupart des organisations avec lesquelles les entrepreneurs sont en contact proposent des assurances. Par ailleurs, les secrétariats sociaux offrent des assurances premier travailleur et autres pensions complémentaires libres pour indépendants (PCLI) . Votre expert-comptable vous recommandera l’ engagement individuel de pension (EIP) et l’ assurance-vie . « Autant de produits intéressants et souvent fiscalement déductibles, approuve Benny Custers. Mais comme le capitalpension total doit tenir compte du maximum légal (la fameuse règle des 80 %), mieux vaut appréhender les deux produits de pension ensemble. »

Les professions « simples » pourront trouver leur bonheur dans une police globale, où se côtoieront la responsabilité professionnelle , l’ assurance auto , l’ assurance accidents du travail , l’ assurance incendie et l’ assurance locataire ou propriétaire . Ces modules de base sont disponibles auprès de chaque intermédiaire d’assurances. Ils ont l’avantage d’éviter l’éparpillement des polices. « L’adaptation des assurances d’une entreprise à l’évolution de sa situation peut s’avérer plus facile lorsqu’un seul assureur gère l’ensemble des contrats », confirme Paul Marck, avant de poursuivre : « Les couvertures fragmentées perdent en visibilité et sont souvent synonymes de sur- ou de sous-assurance. »

Si la plupart des entrepreneurs sont bien couverts contre les dommages matériels, ils ne s’assurent pas suffisamment à titre personnel. Outre l’engagement de pension évoqué plus haut, l’ assurance revenu garanti , qui paie un revenu après un accident ou une maladie, est tout sauf superflue.

« Les entreprises disposent elles aussi d’une sorte d’assurance vie » : l’ assurance pertes d’exploitation , que 30 à 40 % d’entre elles seulement souscrivent. Cette couverture permet de poursuivre le paiement des charges fixes qui continuent de courir même après un sinistre, comme les emprunts bancaires, et de compenser la perte de chiffre d’affaires », explique Paul Marck.

Les assurances transport

Les assurances transport sont tout aussi peu envisagées par les entrepreneurs. Or, qui assure la marchandise : l’expéditeur ou le destinataire ? A quelles conditions ? « Les entrepreneurs sont malheureusement trop confiants.  »Mon fournisseur est assuré », entend-on régulièrement. Mais il est rare que l’entrepreneur connaisse les détails de la police. Souvent pourtant, le fournisseur n’est pas si bien couvert qu’il le prétend. »

Mieux vaut donc assurer vous-même le transport, en fonction du type de marchandise et d’emballage, de la fragilité des biens et du mode d’acheminement. Soyez prudent si la valeur est déterminée en fonction du poids : pour les produits de haute technologie qui pèsent peu, l’indemnisation pourrait bien s’avérer très insuffisante.

L’assurance groupe au profit du personnel

Pas encore suffisamment assuré ? Envie de gâter votre personnel ou vous-même ? Les couvertures attrayantes ne manquent pas. Ainsi, l’ assurance groupe souscrite au profit du personnel peut être étendue à mesure que l’entreprise évolue. L ‘ assurance pension complémentaire et les indemnités décès et invalidité sont d’autres options. Sans être une assurance au sens strict, le plan de continuité de l’entreprise , qui offre des solutions en cas d’arrêt temporaire de la production, s’inscrit dans la droite ligne des couvertures précitées. « En cas de sinistre, pourriez-vous confier une partie de la fabrication à vos collèguesconcurrents, et vice versa ? », interroge Custers. « Car vous avez beau être bien assuré, cela ne vous permettra pas pour autant de servir rapidement vos clients impatients. »

Quant à l’ assurance-crédit , elle est précieuse pour l’indépendant aussi bien établi que débutant, qu’elle protège contre un des maux du siècle : les mauvais payeurs. Elle peut s’avérer bien utile lorsque l’on a affaire à des acheteurs étrangers et/ou moins connus.

Hans Hermans

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