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Bernard Rentier : « Il faut revoir la structure du paysage scolaire »

Le Vif

Bernard Rentier, le recteur de l’Université de Liège en poste jusqu’au printemps prochain, plaide pour un réexamen du pacte scolaire de 1959…

Le Vif/L’Express : Lors de votre dernier discours de rentrée, vous avez dit vouloir user de votre liberté d’expression et avez plaidé pour l’instauration d’un test d’entrée à l’université.

Bernard Rentier : Je ne veux pas installer de barrières à l’entrée. Mais 60 % des étudiants vont au casse-pipe en 1er bachelier. Il est inacceptable de ne pas agir. Bien sûr, il y a des touristes qui n’ont rien à faire à l’université et qui coûtent cher à tout le monde. Mais il y a aussi ceux qui ne sont pas bien préparés et qui auraient besoin d’un accompagnement particulier.

Accompagner grâce à un test d’entrée ?

Un test d’orientation informatif qui permettrait à ceux qui n’obtiendraient pas de bons résultats d’être redirigés vers une année de préparation pour contourner le problème de l’échec. Une formation qui serait centrée sur l’apprentissage de l’autonomie, du respect des délais, de l’organisation… Bref, tous ces soft skills indispensables qui ne sont pas forcément enseignés en secondaire. Ce test pourrait aussi avoir lieu après la session de Noël, en guise de réorientation.
Une proposition taxée d’inégalitaire par certains.

Les fédérations d’étudiants penseront que l’on crée deux castes. C’est peut-être vrai : toutes les études démontrent que les jeunes qui viennent d’un milieu aisé sont mieux préparés à l’enseignement universitaire. Ces soft skills ne sont pas inculqués dans l’enseignement secondaire, qui peut être inégalitaire. Mais le rôle de l’université est de gommer les inégalités. Peut-être cela pèsera-t-il plus sur ceux qui sont socialement moins aisés. Mais tant qu’à faire 5 années en 6, autant acquérir des compétences supplémentaires. On n’empêcherait personne d’entrer. On offrirait simplement une autre voie pour se préparer. Une année de délestage, pas une duplication du 1er bachelier.

Vous plaidez pour un refinancement de l’enseignement supérieur. Un voeu pieux ?

Je ne crois pas. C’est une question de priorité. On ne peut pas dire que les universités sont indispensables à la relance économique puis ne pas leur donner de financements suffisants. Actuellement, on dédouble tous les moyens entre l’enseignement libre et officiel. Ce n’est pas normal. C’est du gaspillage maximal de l’argent public ! Il serait temps d’y remédier.

Voilà qui fera plaisir aux signataires du pacte scolaire…

Je ne veux pas déterrer la hache de guerre de 1959. Mais il faut revoir la structure du paysage scolaire. Je ne trouve pas normal que des institutions publiques comme la mienne doivent se plier à une série de contrôles alors que les autres ne doivent rien justifier alors qu’elles reçoivent le même argent public.

Quel bilan tirer à l’aube de votre neuvième et dernière année de rectorat ?

L’université aujourd’hui ne ressemble plus à celle qu’elle était il y a neuf ans. Nous avons réformé et rationnalisé beaucoup de choses. Nous avons pu recommencer à construire, à intégrer de nouvelles facultés (nous sommes passés de 8 à 11). Dès 2004, nous avons réalisé de gros efforts budgétaires pour atteindre l’équilibre. J’ai vécu une période confortable sur le plan financier. Le bémol, pour le futur, c’est qu’à cause de ce système de financement étranglé, nous n’aurons plus l’occasion de développer des nouveautés pendant un moment.

Entretien Mélanie Geelkens

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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