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 » Bellens donne raison aux partisans de la privatisation de Belgacom « 

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le député fédéral N-VA, Peter Dedecker, réclame une enquête pour « faute grave » sur le CEO de Belgacom et juge que par sa gestion, il sert les intérêts de ses concurrents. Entretien exclusif.

C’est une figure montante de la N-VA. Peter Dedecker a été à la pointe des accusations contre l’ACW, le mouvement ouvrier chrétien accusé de fraude fiscale, de faux en écriture, de conflit d’intérêts et d’abus de biens sociaux. Conséquences : la démission d’un vice-Premier ministre fédéral, Steven Vanackere (CD&V) et une saga politico-judiciaire. Aujourd’hui, il attaque de front Didier Bellens et Belgacom.

Le Vif/L’Express : à propos du conflit d’intérêts potentiel à Belgacom sur la vente d’un immeuble à Immobel, vous avez écrit qu’il y avait un « air de déjà-vu »…

Peter Dedecker : Belgacom a connu beaucoup trop de conflits d’intérêts par le passé. La liste ne cesse de s’allonger depuis l’affaire Concetta Fagard : les nombreux licenciements au sommet de l’entreprise, l’inculpation de Didier Bellens pour corruption dans le dossier de la vente d’un immeuble de Mons, les conseils de l’administrateur Michel Moll au fournisseur chinois Huawei, l’affaire d’espionnage… Il est d’ailleurs étrange que les critiques du ministre Labille soient à ce point sélectives : il épingle très durement les pratiques de Michel Moll mais il oublie de dire que Carine Doutrelepont (PS), qui fait aussi partie du conseil d’administration de Belgacom, a été elle aussi soupçonnée de conflit d’intérêts parce que son cabinet d’avocats négocie les droits de diffusion pour plusieurs chaînes étrangères auprès de Belgacom TV.

Didier Bellens est-il la cause principale de ce climat ?

En effet. Son premier mandat n’avait pas été sans remous. Le prolonger pour un deuxième avait déjà suscité une forte discussion. Nous serions naïfs de considérer qu’il est le seul « mouton noir » de Belgacom. Le problème est davantage structurel et une question de gestion politique. Au sein du conseil d’administration, il a reçu le soutien de Michel Moll et de Carine Doutrelepont. Je parle d’un air de déjà-vu parce qu’il semble bénéficier d’une réelle impunité politique. Jusqu’ici, au SP.A, au CD&V, au CDH ou au PS, on estimait à chaque incident que cela ne pouvait plus durer. Mais le lendemain, l’affaire était classée et on continuait comme si de rien n’était. Le vent semble tourner avec la décision de réaliser un audit externe. J’espère que l’on tiendra compte de ses résultats.

Didier Bellens serait-il le rempart à une privatisation accrue ou à une régionalisation ?

C’est le contraire: Didier Bellens est un atout pour Telenet ! Le fait qu’il donne régulièrement une mauvaise image de Belgacom est tout profit pour la concurrence. En interne, l’atmosphère est délétère. Il ne cesse de donner des arguments en faveur de la privatisation parce que l’on voit là le résultat des nominations et des protections politiques.

Réclamez-vous son licenciement ?

Ce n’est pas à moi d’en juger mais au gouvernement qui l’a toujours protégé jusqu’ici. Je pense que l’on devrait enquêter pour déterminer si ces incidents à répétition ne constituent pas une faute grave. Dans ce cas, il n’y aurait pas d’indemnités à lui payer.

La N-VA veut-elle un gouvernement fédéral d’urgence socio-économique après mai 2014 ?

C’est plus urgent que jamais. Une entreprise tombe en faillite toutes les cent minutes. On parle surtout de Ford-Genk et d’Arcelor-Mittal, mais on oublie les milliers de PME qui ferment leurs portes. L’actuelle politique de relance est minimale. Dès le premier jour suivant les élections, il faudra retrousser ses manches. Sans oublier le communautaire pour autant, certainement pas, cela va de pair.

Et quid du modèle confédéral ?

Il doit survenir. Mais nous n’avons pas le temps de rester des centaines de jours en train de négocier dans un château.

La négociation doit-elle se passer au Sénat ?

Certainement pas. Pour nous, il doit être supprimé. La négociation d’une telle réforme de l’Etat doit se passer entre présidents de parti.

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