Guido Fonteyn

Bart De Wever, le Berlusconi flamand

A la veille des élections du 13 juin, il n’y a pas de raison d’avoir peur pour la Belgique. Et si un certain nombre de Flamands sont anxieux, c’est plutôt de Bart De Wever, qui n’a pas d’ambition sociale, mais qui poursuit seulement le démantèlement du système.

Par Guido FONTEYN, journaliste et essayiste

Les élections du 13 juin seront-elles dominées par l’anxiété? La Libre Belgique a résumé la situation: « De quoi les Flamands ont-ils peur? » Et Le Vif/L’Express s’est interrogé: « Faut-il avoir peur du confédéralisme? » Manifestement, Flamands et francophones attendent avec effroi les résultats du scrutin. Paris Match annonce la fin de la Belgique, quoique ce magazine soit coutumier de ce genre de prédiction. Or la Belgique tient toujours debout.

Il n’y a pas de raison d’avoir peur. Nous vivons une crise communautaire ordinaire. Un gouvernement pourra être constitué qui remette la réforme de l’Etat sur le métier, à laquelle on s’applique déjà depuis la création des régions linguistiques, en 1962-1963. Après tout, la Belgique demeure un pays prospère, et les gouvernements régionaux font du bon travail. S’il est clair que la coopération entre le gouvernement central et les entités fédérées mérite d’être améliorée, il ne fait pas l’ombre d’un doute que des solutions appropriées seront trouvées. Cela vaut aussi pour BHV.

Que les Flamands soient angoissés est une généralisation ridicule. La notion « Les Flamands » n’existe pas, mis à part le chiffre de la totalité des Flamands vivant en Flandre et à Bruxelles. La diversité de leurs points de vue est aussi grande que partout ailleurs en Belgique. Et n’oublions pas que la crise politique a été provoquée par des partis de droite, tels l’Open VLD et la N-VA, qui ont reniflé une odeur de sang du côté de l’extrême droite. Le Vlaams Belang et la LDD (Lijst Dedecker) sont tous deux en butte à de graves dissensions internes. Les libéraux et les nationalistes flamands pourront leur reprendre un nombre très limité, il est vrai, de sièges: voilà l’enjeu du scrutin.

Car, dans cette conjoncture, la N-VA est intrinsèquement un parti de droite, elle se situe même à droite de la droite. Si elle réclame la scission de la sécurité sociale, ce n’est pas tant la scission qu’elle poursuit que le démantèlement du système, ne fût-ce qu’en Flandre. A la N-VA il ne subsiste pas grand-chose des ambitions sociales qui animaient naguère la défunte Volksunie dont elle est issue. Si, donc, un certain nombre de Flamands ont peur, ce n’est pas la francophonie qu’ils redoutent, ni Madame Non (qui fait à nouveau des siennes), ni l' »Etat PS », mais la N-VA. Bart De Wever, plutôt que d’être un Hugo Schiltz rendu à la vie, est l’avatar flamand de Berlusconi.

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