© Dimitri Van Zeebroeck

« Bart De Wever est tellement radical qu’il n’a pas d’interlocuteurs du côté francophone »

Han Renard

Le député européen Gérard Deprez (MR), l’homme qui rêve de reléguer le PS dans l’opposition pour au moins dix ans, a accordé une interview à nos confrères du Knack dans laquelle il plaide pour une coalition du MR, du PS et du cdH, « de préférence à tous les niveaux de pouvoir ».

Le bon score du MR permet enfin de réaliser une majorité de centre-droit en Wallonie dont vous rêvez depuis si longtemps.

Gérard Deprez: C’est vrai, mais cette majorité est très juste. Ou pensez-vous vraiment que le cdH prendra le risque d’entrer dans une coalition avec le MR à qui il ne reste qu’un siège ? Détrompez-vous. Pour l’instant, l’objectif du MR n’est pas de mettre le PS hors jeu, mais de mettre en oeuvre la meilleure majorité possible autour du meilleur programme possible. Le gouvernement fédéral sera amené à prendre des mesures extrêmement difficiles. L’assainissement de nos finances publiques est loin d’être terminé, nous devons assurer notre compétitivité, maîtriser les coûts du vieillissement, etc. Avec la gauche réunie dans l’opposition en Wallonie, le PS, Ecolo et le PTB, cela pourrait devenir très pénible.

Nul doute que de nombreux ténors francophones estiment qu’il faut laisser De Wever se laisser casser les dents avant de réaliser une tripartite classique.

Deprez: Je trouve qu’il faut traiter De Wever correctement. Je n’aime ni l’homme ni son parti, mais un tiers des Flamands ont voté pour lui, et il faut donc lui donner une chance honnête. Cependant, il me semble évident que les francophones préfèrent une tripartite classique. Peu d’entre eux l’admettront ouvertement, mais cette formule arrangerait très bien le PS, le MR et le cdH et s’ils arrivent à réaliser ce gouvernement à tous les niveaux, tant mieux.

Didier Reynders pourrait se montrer favorable à un gouvernement de centre-droit. Il espère devenir premier ministre.

Deprez: L’attitude du MR ne dépend pas des ambitions d’un seul homme. La stratégie du parti est fixée en toute indépendance par le président Charles Michel et le bureau du parti.

Que feriez-vous, si vous étiez à la place de Bart De Wever pour convaincre les francophones d’entrer dans votre gouvernement?

Deprez: Je ne suis ni flamand, ni nationaliste, ni séparatiste, ni de droite – je n’ai donc rien en commun avec Bart De Wever. Mais pour convaincre les francophones, il faudra qu’il mutile pratiquement tout le programme de la N-VA. Il est exclu de parler d’une réforme de l’état, ce qui est difficilement acceptable pour une partie de ses militants. Mais sur le plan socio-économique, il est tellement radical qu’il n’a pas d’interlocuteurs francophones. Honnêtement, je ne sais pas très bien ce qu’il pourrait négocier avec les francophones. De Wever s’imagine qu’il pourra faire passer son programme plus facilement avec les partis francophones de centre-droit, mais il ferait mieux d’abandonner cette idée.

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