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Bacquelaine : « marre de la logique de clan ! »

Daniel Bacquelaine, candidat à la présidence du MR, pique une colère. Il dénonce les consignes collectives de vote données par des ténors importants du parti en faveur de son rival Charles Michel. Ce coup de gueule de l’outsider dans la course, porté par la mouvance de Didier Reynders, confirme la chose : la guerre des clans n’est pas finie au MR.

Chaud devant au MR, engagé dans la dernière ligne droite de l’élection à la présidence. Forcément, les esprits s’échauffent, les nerfs sont soumis à rude épreuve. Charles Michel qui part favori, ou Daniel Bacquelaine pointé comme outsider ? Le duel fait quelques étincelles. Entre les deux candidats qui battent la campagne, on s’active pour convaincre le militant. On bat aussi le rappel des ténors pour qu’ils affichent leurs préférences et influent sur le vote. Certains ne se gênent pas pour prendre la plume collectivement et donner la consigne. « Comme nous en Hainaut, soutenez Charles Michel ! », clame ainsi tout ce que le MR hennuyer compte de poids lourds. Là, c’est trop. Cette manière de faire fâche le rival Daniel Bacquelaine, proche de Didier Reynders, qui voit renaître le groupe… Renaissance. Unir, pacifier, rassembler, qu’ils disaient : pas sorti de ses travers, le MR… Interview.

Daniel Bacquelaine, la campagne électorale bat son plein au MR, qui se choisira un nouveau président le 28 janvier. Charles Michel est un rival fair-play ?

Oui, on n’en est pas aux insultes… Mais je sens une remontée de la dynamique de clan de la part du groupe Renaissance (NDLR : contestataire de la présidence de Didier Reynders.) J’observe que des listes de parlementaires et de mandataires circulent pour soutenir collectivement un candidat. Ça ne va pas : on retombe dans les travers de la logique de clans. Le parti en a suffisamment souffert !

Où est le problème ?

Des consignes collectives de vote, données par des mandataires du MR, n’ont pas leur place dans le processus électoral. Dans un parti libéral, la liberté d’expression doit être absolument respectée. Les militants sont très inquiets pour l’avenir du parti, ils ont beaucoup souffert de la situation interne depuis 18 mois. Ils n’ont pas envie d’être éventuellement dirigés par le président du groupe Renaissance.

Le camp Michel fausse le jeu démocratique ?

Je ne dis pas ça. Je ne vise pas nécessairement le candidat Charles Michel, pour lequel j’éprouve beaucoup de respect. Mais le débat mérite mieux que cela.

Mieux que des marques de soutien de ténors… spontanées ou sollicitées ?

Je vous laisse seul juge.

Vous n’avez pas cédé à la tentation ?

Non, j’aborde la campagne en libéral. Je m’appelle candidat militant et je m’adresse directement aux militants. Ils n’ont pas besoin de recevoir des consignes de vote, ils sont assez mature pour faire leur choix.

Leur réaction pourrait donc tourner en votre faveur ?

Je pense effectivement que cette forme de pression n’est pas nécessairement efficace. Je sens chez les militants un rejet de la logique de clans.

Soyons de bon compte : des ténors du parti, moins massivement sans doute, s’expriment aussi ouvertement en votre faveur. Où est la différence avec les figures de proue qui plaident pour le choix de Charles Michel ?

Le style est totalement différent. Ceux et celles qui soutiennent ma candidature affichent leur préférence à titre personnel et la justifient par des analyses tout aussi personnelles. Il ne s’agit nullement d’un groupe constitué qui se livre à une démarche intrusive.

Charles Michel face à Daniel Bacquelaine : que vous le vouliez ou non, vous incarnez les camps Michel et Reynders. Impossible d’éviter cette logique…

A qui la faute ? Le MR aurait évité ce scénario si un groupe Renaissance n’avait pas été créé, et Charles en est membre. C’est aussi simple que cela. Il n’y a pas de clan Reynders : il y a ceux, et j’en suis, qui se sont montrés loyaux envers leur parti.

Là, vous sous-entendez que cela n’a pas été le cas pour l’autre bord…

Je pense, oui. Mais l’important est à présent l’unité du parti. C’est pourquoi je n’utilise pas cette campagne pour créer cette logique de clans.

Entretien : Pierre Havaux

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