B-FAST lors de la mission avortée au Népal. © Belga

B-Fast, obsolescence programmée ?

Le Vif

Alors que l’équipe d’intervention d’urgence du gouvernement fédéral, B-Fast, a reçu une demande d’aide explicite d’Haïti, ravagé par l’ouragan Matthew, les Affaires étrangères ne leur ont pas donné de feu vert. Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a indiqué lundi que la Belgique tentait de voir comment envoyer du matériel belge en Haïti.

B-Fast (Belgian First Aid and Support Team) a été créée en novembre 2000 afin d’envoyer des équipes d’aide d’urgence vers les pays touchés par une catastrophe.

Différentes conditions sont requises pour l’envoi de l’équipe pour une mission qui se limitera à dix jours. « L’ampleur de la catastrophe doit dépasser les capacités du pays touché d’une manière telle qu’elle met en danger la santé, voire la vie de la population de la zone touchée. Le pays touché doit adresser une demande d’aide à la communauté internationale et toute intervention est exclue en cas de conflit armé dans la zone touchée par la catastrophe », peut-on lire sur le site internet de B-FAST. Lorsque ces conditions sont remplies, c’est le gouvernement belge qui décide d’envoyer, ou non, l’équipe.

Mardi, une équipe de docteurs et d’ingénieurs était sur le départ pour venir en aide aux Haïtiens, une nouvelle fois touchés par une catastrophe naturelle. Mais ils n’ont pas reçu l’autorisation du gouvernement pour partir. Le budget fédéral prévoit pourtant des finances pour des missions B-Fast et des équipes de volontaires sont régulièrement entraînées.

Il faut dire que la dernière intervention médiatique de l’équipe d’intervention rapide s’est soldée par un échec. En 2015, elle avait été déployée après le tremblement de terre au Népal pour des missions de recherche et sauvetages, mais elle était partie trop tard et n’avait pu venir en aide sur place, suscitant bon nombre de critiques. D’où la frilosité du gouvernement aujourd’hui à l’envoyer à Haïti ?

La N-VA n’a, en tout cas, pas hésité à s’engouffrer dans la brèche et à remettre en question l’utilité d’une telle structure. « On peut se demande si une organisation comme B-Fast a encore du sens », estime le député européen Louis Ide (N-VA).

L’élu écologiste Wouter De Vriendt (Greon) remet, lui, en cause le « marasme politique » dans lequel est plongé B-Fast depuis la mission ratée au Népal. « La question ‘partons-nous?’, relève plus d’un jeu politique à chaque catastrophe. Par conséquent on attend trop longtemps ce qui est avant tout dommage », déplore-t-il.

De son côté, le PS fustige la décision du gouvernement. « Il semble plus facile pour ce gouvernement d’aller en guerre que de répondre à l’impérative solidarité internationale face à de tels drames humains ». Les députés PS demandent donc au gouvernement plus de transparence quant à cette décision et à avoir « un sursaut de solidarité ».

Les députés PS s’interrogent également sur « les volontés des nationalistes flamands de démontrer que cet outil public et multidisciplinaire indispensable n’est plus efficace ». Les socialistes admettent qu’il s’agit d’une structure qui peut être améliorée, mais n’accepte pas qu’elle soit remise en question.

Suite aux difficultés rencontrées au Népal, le gouvernement fédéral s’était engagé à réformer B-Fast. Mais à ce jour, rien n’a été fait en ce sens, selon le PS.

« Il n’y a pas de refus »

Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a indiqué que la Belgique tentait de voir comment envoyer du matériel belge en Haïti. « Il n’y a pas de refus », a-t-il précisé.

Des pourparlers sont en cours pour voir comment acheminer le matériel, via un avion français ou un bateau néerlandais, a précisé M. Reynders alors que lors d’opérations précédentes des équipes belges ont permis que du matériel étranger soit acheminé avec des moyens belges.

L’ONU est à la manoeuvre et « la coordination est en cours », selon Didier Reynders. « Il y a une volonté d’aider Haïti », a insisté le chef de la diplomatie.

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