muslim expo © Belga

Ayoub Lamrini, porte-parole de la Muslim Expo: « Non au paternalisme »

Le porte-parole de la Muslim Expo, que se tient ce week-end à Charleroi, récuse l’étiquette de Frères musulmans pour ce salon du  » vivre ensemble « . Il demande à être jugé sur son contenu.

Le Vif/L’Express : Qui a signé la location de Charleroi Expo et avancé les fonds pour la Muslim Expo ?

Ayoub Lamrini : Les 3 000 mètres carré de stands ont été loués à Charleroi Expo par Emdeo et l’asbl Human Smile. Emdeo est une association de fait représentée par une personne physique qui organise la Muslim Expo d’Anvers et qui nous fait bénéficier de son expertise. L’asbl Human Smile est une association humanitaire bruxelloise. Les fonds propres ou frais de fonctionnement qu’elles ont avancés sont minimes par rapport à l’argent ou aux prêts de matériel venus du sponsoring. Certains sponsors veulent rester discrets, d’autres pas.

Quels sont les buts de la Muslim Expo ?

Si l’on tient compte de l’expérience anversoise, 20 à 25 % des visiteurs sont des non-musulmans. Si le public musulman va être surtout intéressé par les conférences de la Muslim Expo, les autres pourraient être intéressés par la variété des talents économiques, humanitaires, culturels et, même, sportifs qui sont mis en valeur et qui démontrent la contribution des musulmans à la communauté nationale. C’est le sens de notre slogan : Let’s Grow Together…

L’asbl Aksahum, qui collecte des fonds pour la Palestine, n’est-elle pas en train de s’implanter à Charleroi via votre asbl Oummanitaire et l’Espace Averroès, également promoteur de la Muslim Expo ?

L’asbl Aksahum est très connue dans la communauté musulmane pour son action humanitaire et est présente dans beaucoup de salons. Elle n’est vraiment pas liée directement à la Muslim Expo ni avec l’Espace Averroès, dont l’objet principal est plutôt la défense des consommateurs musulmans. Oummanitaire, elle, s’est rendue à la frontière austro-hongroise et à Calais pour aider les réfugiés et a distribué de la viande au Bénin dans le cadre de la Fête du Sacrifice.

En tant que porte-parole de la Plate-forme des musulmans de Belgique, que reprochez-vous à l’actuel Exécutif des musulmans de Belgique ?

Un chapitre sera effectivement consacré aux échecs de l’institutionnalisation de l’islam, ses problèmes de représentativité et de fonctionnement, même si le personnel administratif de l’EMB essaie de faire du bon boulot. La Plate-forme est née suite à l’interdiction, dans les Régions flamande et wallonne de l’abattage rituel du mouton dans des structures temporaires. Notre appel au boycott a fait chuter la vente de moutons de 70 à 80 %, selon les premiers chiffres. Ce mouvement a fait tache d’huile et manifeste le mécontentement des acteurs locaux musulmans face à la non-prise en compte de leur avis. Les alternatives constructives n’ont pas été examinées. La Plate-forme exprime aussi le ras-le-bol de la stigmatisation constante des mosquées et des imams après les attentats de Paris, notamment la communication de la Commission Marcourt (NDLR : sur la formation des imams et des professeurs de religion islamique) venant deux semaines après le 13 novembre et présentée comme un moyen de lutter contre le radicalisme. Où est la séparation entre l’Eglise et l’Etat ? C’est très paternaliste.

Demandez-vous la démission du président de l’EMB, Nouredinne Smaïli ?

Non, absolument pas.

Acceptez-vous le qualificatif de Frères musulmans pour la Muslim Expo ?

Moi, à mon niveau, je ne sais pas, aujourd’hui, ce qu’est un Frère musulman. Je ne le suis pas. Si les FM, c’est la fraternité, alors tous les musulmans sont des Frères… En tout cas, Michel Collon ne l’est pas ! Je demande juste qu’on juge nos conférenciers sur le contenu de leurs discours dont le fil rouge sera le vivre ensemble. Il n’y aura pas d’autre thématique.

Entretien : Marie-Cécile Royen

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