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Augmenter le bon cholestérol n’est pas la panacée contre l’infarctus

Le fait d’augmenter le bon cholestérol (HDL) n’a absolument aucun effet protecteur contre des accidents cardiovasculaires, montrent les résultats d’un vaste essai clinique publiés ce week-end qui laissent les cardiologues dubitatifs.

L’étude s’est concentrée sur une molécule appelée « evacetrapib », des laboratoires Eli Lilly, qui permet de faire monter le bon cholestérol de 130% tout en abaissant le mauvais cholestérol (LDL) de 37%. Mais ce médicament, présenté un moment comme potentiellement miracle, n’a absolument pas réduit les risques d’infarctus, d’accident vasculaire cérébral, d’angine de poitrine ou le nombre de décès qui résultent de ces problèmes.

Les effets favorables de cette molécule sur le cholestérol ne se sont traduits par aucune réduction des événements cardiovasculaires, le principal objectif de l’essai clinique, ont résumé les chercheurs en présentant les résultats détaillés dimanche à la conférence annuelle de l’American College of Cardiology (ACC), réunie à Chicago jusqu’à lundi.

« Nous somme ici en présence d’un paradoxe: alors que cette molécule double les niveaux de bon cholestérol et réduit nettement le mauvais cholestérol, il n’y a malgré cela aucun effet clinique », souligne le Dr Stephen Nicholls, professeur de cardiologie à l’Université d’Alelaide en Australie, l’un des principaux auteurs de ces travaux. « Nous avons été déçus et aussi surpris de ces résultats ».

L’essai clinique de phase 3, rassemblant plus de 12.000 participants qui présentaient un risque cardiaque élevé, avait été arrêté en octobre 2015. Eli Lilly avait alors expliqué cette décision par le fait que les résultats préliminaires suggéraient que cette molécule n’avait pas les effets escomptés pour réduire les accidents et la mortalité cardiovasculaires.

En moyenne, les patients qui ont pris de l’evacetrapib pendant 18 mois ont enregistré une réduction du mauvais cholestérol de 37% et un accroissement de 130% du bon cholestérol par rapport aux patients ayant pris un placebo. Mais aucune différence n’a été constatée entre les deux groupes en termes d’infarctus, d’AVC et de mortalité.

‘Une grande confusion’

L’evacetrapib marque le troisième échec de cette classe de médicaments pour doper le bon cholestérol en neutralisant un processus naturel qui le convertit en mauvais cholestérol dans l’organisme.

La première molécule dans cette catégorie était le torcetrapib, du groupe pharmaceutique américain Pfizer, qui a mis fin à un essai clinique de phase 3 en 2006 en raison d’une augmentation du risque cardiaque et des décès parmi les participants.

Le deuxième traitement expérimental, le dalcetrapib, du laboratoire helvétique Roche, a été abandonné pendant un essai clinique de phase 2 en 2012 étant donnée l’inefficacité de cette molécule.

« Il y a toujours eu et continue à y avoir une grande confusion sur ce qui se passe dans cette classe de médicaments dont aucun n’a pu à ce stade produire des effets cliniques préventifs parmi nos patients », note le Dr Nicholls.

« Alors que nous concluons l’analyse des données de cet essai clinique avec l’evacetrapib, nous nous efforçons de comprendre comment une molécule qui semble produire tous les effets souhaitables sur les niveaux de cholestérol ne permet pas aussi de produire les résultats cliniques recherchés », pointe-t-il.

Selon ce cardiologue, ces résultats pourraient en fait remettre complètement en question l’idée conventionnelle selon laquelle un taux élevé de bon cholestérol a des effets protecteurs pour le système cardiovasculaire.

Une autre explication possible avancée est que les statines, les anti-cholestérol vedettes depuis trente ans, sont tellement efficaces pour réduire le LDL qu’il est difficile de faire beaucoup mieux chez des patients présentant un risque cardiovasculaire élevé.

Enfin, selon une autre hypothèse, l’evacetrapib pourrait agir sur un mécanisme biologique qui n’a aucun effet sur le risque cardiovasculaire.

Les pathologies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde avec 18 millions de décès par an, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.

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