Bart De Wever © BELGA

« Au fond, De Wever déclare que Michel peut aller se faire voir »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Les propos tenus par Bart De Wever sur les ondes de la VRT dimanche font couler beaucoup d’encre. Le président de la N-VA participait à un débat des présidents de parti flamands en compagnie de Wouter Beke (CD&V), Gwendolyn Rutten (Open Vld) , John Crombez (sp.a), Meyrem Almaci (Groen) et Tom Van Grieken (Vlaams Belang).

Les présidents sont revenus sur le remplacement des avions F-16. Il y a dix jours, le Premier ministre Charles Michel (MR) a en effet expliqué que le gouvernement étudierait les offres introduites pour le F-35 du groupe américain Lockheed Martin et l’Eurofighter Typhoon du consortium européen Eurofighter, mais aussi la proposition du gouvernement français pour l’acquisition du Rafale du groupe Dassault.

Vendredi dernier, Charles Michel avait rappelé le ministre de la Défense Steven Vandeput (N-VA) à l’ordre, après que ce dernier ait ouvertement exclu l’acquisition du Rafale. Dimanche, Bart De Wever a soutenu Vandeput. « L’avion de combat français Rafale n’est pas un bon plan, il n’est pas suffisamment performant pour notre défense. La prolongation des F-16 est exclue également », a-t-il décrété. « 3,4 milliards pour un appareil qui permet de ne rien faire, cela n’a aucun sens », a-t-i ajouté.

Premier ministre de l’ombre

John Crombez, le président du sp.a, n’a pas hésité à dire que Charles Michel est bel et bien le chef du gouvernement, mais que pour De Wever « Michel peut aller se faire voir ». Pour le quotidien De Standaard, le Premier ministre et le Premier ministre de l’ombre, un surnom fréquemment attribué à Bart De Wever, se retrouvent à nouveau face à face, comme lors de l’élaboration du Pacte énergétique où De Wever et Michel sont entrés en conflit à propos de la sortie du nucléaire.

Carl Devos, politologue à l’Université de Gand, estime que si les tensions entre la N-VA et du CD&V sont anciennes, les crispations entre le MR et la N-VA sont plus récentes. « L’alliance entre la N-VA et le MR est surtout basée sur une aversion du PS. Cela fournit un terrain d’entente, mais celle relation est restée beaucoup plus calculée que celle entre le CD&V et le MR qui se connaissent depuis des années », écrit-il dans sa chronique du Morgen.

Colonie du nord de la France

Pour le politologue, Michel a humilié Vandeput, mais il a également tourné la procédure d’acquisition belge en ridicule (NDLR : Les Français n’ont pas participé à l’appel d’offres officiel). « Michel donnerait beaucoup pour entretenir de bonnes relations avec les Français. Revoilà l’image de la Belgique comme colonie du nord de la France. S’il y a encore un peu de nationalisme flamand dans la N-VA, ils doivent se révolter, non ? Ils ont déjà avalé la nomination scandaleuse de Cédric Frère (NDLR: le petit fils d’Albert Frère nommé à la régence de la Banque nationale), qui était également une exigence du MR ».

Devos estime que la stratégie « à deux jambes » du parti de Bart De Wever, c’est-à-dire une jambe dans la coalition et une autre dans l’opposition pour se profiler, risque de lui coûter cher, car si la N-VA souhaite continuer à gouverner au niveau fédéral, il faudra bien qu’elle le fasse avec le MR. « La N-VA ne doit pas espérer que le PS succombe au confédéralisme. Inversement, le MR peut également gouverner au sein de nombreuses coalitions sans la N-VA ».

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