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Attentats de Paris: la fusillade de Forest et l’ombre de l’EI

Le Vif

Cela devait être une perquisition de routine, comme il s’en est déroulé plus de cent en Belgique depuis les attentats de Paris. Mais quand six policiers belges et français pénètrent mardi dans un appartement de la commune bruxelloise de Forest, ils essuient immédiatement un feu nourri de tirs d’armes automatiques. Récit.

Lors d’une conférence de presse mercredi, le parquet fédéral, qui dirige le volet belge de l’enquête sur les attaques du 13 novembre dans la capitale française, a précisé le déroulement de l’opération policière qui s’est soldée mardi par la mort d’un Algérien de 35 ans, Mohamed Belkaïd, tué par un tireur d’élite de la police. Non loin du corps à été retrouvé dans l’appartement un drapeau de l’organisation Etat islamique.

Deux autres personnes, non identifiées, qui se trouvaient vraisemblablement aussi dans l’appartement, ont réussi à prendre la fuite et étaient toujours recherchées mercredi.

Mardi, à 14H15 (13h15 GMT), une équipe de six policiers, quatre belges et deux français, arrivent devant une maison de deux étages à la façade claire de la rue du Dries, dans un quartier semi-résidentiel proche de la place principale de Forest et de son ancienne abbaye.

L’adresse a été repérée par la cellule antiterroriste de la police judiciaire belge, qui travaille avec ses homologues français. Depuis le 14 novembre, lendemain des attaques qui ont fait 130 morts à Paris, « plus de 100 perquisitions » ont déjà eu lieu en Belgique, menant à 58 interpellations dans le cadre des attentats et « 23 autres » dans des dossiers connexes, selon le parquet fédéral.

Cette fois, dès que les enquêteurs forcent la porte du numéro 60 à l’aide d’un bélier, « au moins deux personnes armées d’un riot gun (fusil anti-émeute) et d’une Kalachnikov ouvrent immédiatement le feu ».

« Un échange de tirs brefs mais nourri s’en est suivi et trois des six policiers ont été légèrement blessés, dont une policière française », a précisé le parquet.

« Neutralisé par un tireur d’élite »

Le pontet du pistolet d’un des policiers, qui se trouvait encore dans sa gaine au niveau de la hanche, est arraché par une balle, tandis que d’autres projectiles, probablement tirés par le riot gun, se logent dans les gilets pare-balles. Les policiers répliquent et parviennent à battre en retraite.

Alors que les forces spéciales bouclent le quartier, que les enfants de deux écoles et deux crèches avoisinantes sont mis à l’abri à l’intérieur des établissements, « plusieurs coups de feu » sont encore tirés depuis la petite maison. Un policier belge est touché à la tête mais seulement légèrement blessé.

Un suspect, qui « allait clairement ouvrir le feu sur la police » depuis une fenêtre, est alors « neutralisé par un tireur d’élite des forces spéciales », selon le récit du parquet fédéral.

Lorsqu’ils pénètrent finalement au numéro 60, les enquêteurs retrouvent à côté du cadavre « une Kalachnikov », « un livre sur le salafisme » et, un peu plus loin dans l’appartement, « un drapeau de l’Etat islamique », « onze chargeurs de Kalachnikov et de très nombreuses munitions », mais « aucun explosif ».

L’homme abattu a été identifié mardi soir: il s’agit d’un Algérien de 35 ans, Mohamed Belkaïd, en séjour illégal en Belgique, connu des autorités belges que pour un simple vol commis en 2014.

Dans la soirée, la police réduit progressivement le périmètre de sécurité, permettant à des riverains bloqués depuis plusieurs heures de rentrer chez eux. Mais d’autres perquisitions auront lieu dans la nuit, l’une, rue de l’Eau, débouchant sur la découverte d’une Kalachnikov dans un immeuble.

Dans le même temps, un homme souffrant d’une jambe cassée est admis vers 20H15 à l’hôpital de Halle, à une vingtaine de kilomètres de Bruxelles. Opéré, il n’avait pas encore été interrogé mercredi matin, mais la personne qui l’a amené a « pris la fuite lorsque la police locale est arrivée », selon le parquet.

A Forest, une autre personne a été également interpellée dans une maison de la chaussée de Neerstalle. Reste à déterminer si ces deux personnes sont ou non impliquées dans les événements de la rue du Dries.

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