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Attentats de Bruxelles: nouvelles sueurs froides pour Jan Jambon ?

Le Vif

Sébastien Joris est l’agent de liaison qu’on a accusé de tous les maux après le 22 mars. Aujourd’hui il vient donner sa version des faits devant la commission. De quoi mettre à mal le ministre de l’Intérieur Jan Jambon ?

Dans la foulée des attentats du 22 mars, le ministre de l’Intérieur accuse l’agent de liaison en Turquie, Sébastien Joris, de graves négligences. Le peu de proactivité qu’il aurait montré aurait permis à l’un des terroristes du 22 mars, Ibrahim El Bakraoui, d’être renvoyé de Turquie vers les Pays-Bas en juillet 2015 sans être inquiété.

La Turquie avait expulsé Ibrahim El Bakraoui, l’un des kamikazes, vers les Pays-Bas, mais Joris aurait « oublié », selon Jan Jambon, de transmettre cette information à la Belgique. A l’époque le ministre dira que « ce n’était pas un service, une direction, mais bien un individu isolé du système policier qui avait fait une bévue ». Cet oubli a poussé Jambon à remettre sa démission à Charles Michel, car il s’estimait politiquement responsable. Cette démission a promptement été refusée.

Un postulat qui a pourtant été mis à mal le 16 novembre 2016 par le supérieur de Joris, Peter De Buysscher, qui est venu affirmer à huis clos devant la commission que Joris avait suivi les règles et procédures d’usage.

Joris se trouvait pratiquement seul à Ankara et devait faire face à une collaboration des plus chaotiques avec les autorités turques. Au moment des faits qu’on lui reproche, il était en vacances, sans remplaçant. C’est pourquoi il n’a pu transmettre l’information de l’expulsion de El Bakraoui que 5 jours après que ce dernier a atterri aux Pays-Bas.

Plus surprenant, après son témoignage devant la commission, De Buysscher aurait été convoqué chez le ministre Jambon.

Selon Ecolo/Groen, il pourrait s’agir d’intimidations. Ecolo pense qu’il s’agit d’une « démarche incompréhensible » et qui témoigne « d’un malaise au sein du cabinet ».

Ce qui est fermement démenti par le cabinet du ministre, dit De Morgen. Si De Buysscher s’est effectivement rendu au cabinet, c’est pour se rendre à la réunion hebdomadaire de la cheffe de la police Catherine De Bolle. Celle-ci lui aurait simplement demandé, sans que Jambon ne soit présent, pourquoi il avait changé de version alors que la déclaration-choc du ministre était justement basée sur des informations que lui-même avait fournies.

Le témoignage de Joris risque donc de fournir quelques nouvelles sueurs froides au ministre Jan Jambon. D’autant plus que dans les rangs de la commission on murmure que ce n’est pas la première fois qu’une déclaration tonitruante du ministre n’est basée sur rien de concret. Pour preuve, les « musulmans dansants » ou lorsqu’il a affirmé que la STIB était responsable pour l’évacuation du métro. Selon un autre membre de la commission interviewé par De Morgen  » S’il semble que Joris a été accusé à tort, le ministre devra lui faire des excuses publiques »

Les déclarations avaient à l’époque « profondément heurté » le SLFP Police.

Rappel de la chronologie

Le 26 juin 2015, l’officier de liaison belge est informé par les autorités turques de l’arrestation d’Ibrahim El Bakraoui à la frontière avec la Syrie. Le 29 juin, il demande à la Direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée (DJSOC) de la police, dont relève la cellule terrorisme, si cette personne était connue. Celle-ci l’informe du passé criminel de l’intéressé, connu pour des faits de banditisme, et souhaite connaître les motifs de son interpellation. Le 14 juillet, les autorités turques informent à 10h14 l’ambassade de Belgique de l’expulsion d’Ibrahim El Bakraoui vers les Pays-Bas qui a lieu à 10h40. Le lendemain, l’officier de liaison apprend au cours d’une réunion que l’homme a été arrêté pour des faits en lien avec le terrorisme, mais qu’il doit poser une question écrite pour en savoir plus. Il ne s’exécutera par courriel que le 20 juillet. Entre le 29 juin et cette date, il n’y a plus de communication entre l’officier et la DJSOC. Le 20 juillet, l’officier de liaison lui fera savoir qu’Ibrahim El Bakraoui a été arrêté pour motif de terrorisme et qu’il a été expulsé le 14 juillet. Les services turcs ne répondront, quant à eux, par écrit que le 11 janvier. Quatre réunions avec l’officier de liaison ont eu lieu entre-temps.

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