Attentats de Bruxelles: le brouillard persiste autour de la décision de fermer le métro
Les différentes auditions menées mercredi devant la commission d’enquête parlementaire n’ont pas permis de dissiper le brouillard qui entoure la fermeture du métro bruxellois le 22 mars.
Le ministre de l’Intérieur a annoncé le 25 mars que cette décision avait été prise à 8h50. A 9h04, l’OCAM décide de passer au niveau de menace 4 et l’ordre est donné d’évacuer le métro. Il reste à savoir quand l’ordre a été notifié et par qui.
Interrogé devant la commission d’enquête, le conseiller en prévention de la STIB a affirmé que le directeur général de la société de transport en commun, Brieuc de Meeus, avait décidé lui-même de fermer le réseau, dans les secondes qui ont suivi l’attentat à Maelbeek à 9h11.
Le même conseiller a précisé que c’est la centrale 100 qui avertit la STIB des phases d’alerte décidées par le centre de crise. Un propos qui a fait sourciller Jean-Paul Labruyère, deuxième commandant du Service d’Incendie et d’Aide médicale urgente de Bruxelles: « c’est la première fois que j’entends ça. On a beaucoup d’autres choses à faire à ce moment-là ».
La question a pris un tour plus politique lors de l’audition du haut fonctionnaire (ancien gouverneur) de Bruxelles, Jean Clément. Il apprend vers 8h10 l’explosion à Zaventem, se rend au centre provincial de crise.
A 8h42, en compagnie d’un conseiller du ministre-président bruxellois, il a confirmation de l’événement mais pas des dispositions prises. Il apprend à 8h50 de son officier de liaison au centre fédéral de crise que la phase fédérale du plan d’urgence est déclenchée et que c’est donc le fédéral qui prend la main. Il ne recevra toutefois pas de notification officielle. « Cela ne s’est pas passé à notre niveau ou celui du ministre-président. Je n’ai jamais eu connaissance d’une instruction donnée à l’administration régionale de fermer le métro », a expliqué M. Clément.
Le ministre-président Rudi Vervoort a d’ailleurs téléphoné à un ministre fédéral pour lui demander ce qui se passait, a-t-il poursuivi. « On savait depuis belle lurette que le métro était une cible ». L’intervention du gouverneur a surpris le MR. Pourquoi n’a-t-il pas, ou le ministre-président, pris l’initiative de déclencher le plan provincial de crise dès lors qu’il était informé des explosions de Zaventem, ou pris un arrêté de police? « Je me dis: tiens, est-ce que ça ne fait pas partie du problème? » a souligné Denis Ducarme.
Rien ne s’était encore produit sur le territoire de Bruxelles, la compétence relevait donc à ce moment du fédéral, a-t-il reçu comme réponse.
Il reste à savoir si une évacuation du métro vers 8h45 avant l’attentat de Maelbeek aurait été fructueuse. Le gouverneur en doute: « Ca n’aurait rien changé. Ce genre d’infrastructure ne s’évacue pas en quelques minutes ».
La question de la fermeture du métro a éclipsé le sujet premier des auditions, à savoir le travail des services de secours. « Les services de terrain ont impeccablement fonctionné », a assuré M. Clément. Le responsable des pompiers et le directeur médical sur les lieux de l’attentat à Maelbeek, Olivier Vermylen, ont livré leur récit des événements, fait part des quelques problèmes qu’ils avaient connus, en particulier en termes de communication vu la saturation du réseau gsm et l’encombrement du réseau Astrid.
En 15 minutes, la station a été évacuée. En une heure et demie, les blessés les plus graves ont été stabilisés pour être répartis vers les différents hôpitaux bruxellois.
La collaboration entre les services s’est bien déroulée et plusieurs provinces ont envoyé des renforts, certaines spontanément. Des initiatives éparses ont été prises par les uns et les autres pour se préparer à une attaque terroriste à la suite des attentats de Paris.
Aux yeux du gouverneur, il est temps de se doter d’un plan spécial « terrorisme » qui définit les missions et compétences de chacun.