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Attentats de Bruxelles : la piste des terroristes de Paris

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

L’implication annoncée des frères el Bakraoui, kamikazes présumés de Zaventem, accrédite l’hypothèse d’une opération menée par les derniers membres du groupe Abaaoud-Abdeslam. De quoi ruiner l’image de possible  » repenti  » du prisonnier de Bruges.

L’implication annoncée ce mercredi matin de Khalid et Ibrahim el Bakraoui dans l’attentat de Zaventem oriente l’enquête vers le cercle – relativement restreint – des « comparses » de Salah Abdeslam alors que l’ampleur de l’attaque de mardi pouvait faire craindre l’entrée en action d’un nouveau commando.

Khalid et Ibrahim el-Bakraoui apparaissent dans l’enquête sur les attentats de Paris en tant que loueurs de planques criminelles à Auvelais et à Forest et comme fournisseurs d’armes. Les deux frères étaient en effet davantage connus il y a quelques mois comme des figures du banditisme de droit commun. Ibrahim el Bakraoui a été condamné par le tribunal correctionnel de Bruxelles en octobre 2010 pour sa participation au braquage d’une officine d’un agent de change à Bruxelles ; il n’avait pas hésité à tirer sur des policiers lors de la course-poursuite qui s’en était suivie. Khalid el Bakraoui a, pour sa part, écopé de cinq ans de prison en février 2011 pour des car-jackings.

S’il s’avérait que l’homme à la veste blanche repéré par les caméras de surveillance de Zaventem en compagnie des frères kamikazes est Najim Laachraoui comme des comparaisons morphologiques semblent l’indiquer, l’information accréditerait la piste d’une responsabilité des membres encore en liberté du groupe de terroristes qui a commis les attentats de Paris le 13 novembre. Najim Laachraoui est en effet, avec Mohamed Abrini, l’un des deux terroristes qui étaient encore recherchés dans le cadre des attentats du 13 novembre. Schaerbeekois de 24 ans parti en Syrie en février 2013, il a fait l’objet d’un appel à témoins le lundi 21 mars. Connu jusqu’alors du public sous le nom de Soufiane Kayal, présenté comme le coordonnateur de l’attaque de Paris en compagnie de l’Algérien Mohamed Belkaïd, alias Samir Bouzid, tué lors de la perquisition du 15 mars à Forest, Najim Laachraoui est l’artificier du commando. Mohamed Abrini, l’autre terroriste encore en fuite après le coup de filet de Molenbeek, est « l’homme de la station-service ». Belgo-Marocain, il a aidé à convoyer les véhicules des assassins dans les jours qui ont précédé les attentats de Paris.

Même si la présence de plusieurs véhicules suspects à l’aéroport national au moment du drame suggère des complicités supplémentaires, Najim Laachraoui, qui aurait été arrêté à Anderlecht ce mercredi matin, est devenu l’ennemi public numéro 1.

Dans la prison de Bruges, le mutisme, même partiel, d’un ex-ennemi public n°1, Salah Abdeslam, sur les intentions de ses complices doit nécessairement conforter le doute des enquêteurs sur l’image de « repenti » qu’il semblait vouloir afficher après son arrestation. C’est sans doute parce qu’il n’a pas parlé que les attentats qui ont fait plus de 30 morts mardi ont été possibles. C’est peut-être parce que ses complices n’en étaient pas entièrement persuadés qu’ils ont précipité leurs sinistres projets.

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