© Reuters

Attentats de Bruxelles: chasse à l’homme engagée

Le Vif

Deux kamikazes auraient été identifiés. Un troisième homme, Najim Laachraoui, aurait été arrêté à Anderlecht, car il serait l’un des auteurs présumés des attentats coordonnés qui ont frappé l’aéroport et le métro de Bruxelles, attaques revendiquées par l’Etat islamique qui ont fait une trentaine de morts et plus de 200 blessés. Le point, le jour d’après.

Alors que le pays va observer à partir de mercredi un deuil national de trois jours, décrété par le gouvernement belge, des perquisitions ont été menées mardi soir « en plusieurs endroits du pays », notamment dans la commune bruxelloise de Schaerbeek où ont été découverts un engin explosif et un drapeau de l’EI, selon le parquet fédéral. On aurait aussi identifié deux kamikazes de Zaventem.

Les attentats qui ont frappé mardi matin à l’heure de pointe la capitale belge ont donné lieu à des scènes d’horreur et de panique à l’aéroport international et dans le quartier des institutions européennes, réminiscences des attentats de Madrid en 2004, Londres en 2005 ou Paris en 2015.

Les dirigeants des 28 pays de l’UE ont dénoncé une attaque contre « notre société ouverte et démocratique ». « C’est toute l’Europe qui est frappée », a déclaré le président français François Hollande, tandis que le président américain Barack Obama appelait le monde à « s’unir » face au terrorisme.

La Tour Eiffel, le World Trade Center et la porte de Brandebourg se sont mises aux couleurs belges. Et l’image de Tintin en pleurs est devenu le symbole de la Belgique en deuil sur les réseaux sociaux.

Attentats de Bruxelles: chasse à l'homme engagée
© Belga

Deux kamikazes identifiés et un homme aurait été arrêté

Les deux frères Khalid et Ibrahim El Bakraoui, soupçonnés d’avoir loué des planques en Belgique pour les commandos des attentats de Paris, auraient été identifiés comme faisant partie des auteurs des attaques suicide de Bruxelles, ont affirmé mercredi la RTBF et la VRT, divergeant toutefois sur les lieux où ils se sont fait exploser.

Les autorités avaient diffusé dès mardi une image de vidéosurveillance montrant trois « suspects » des attentats de l’aéroport de Bruxelles, qui ont fait 14 morts mardi matin.

La RTBF a affirmé que deux hommes portant des pulls noirs et marchant côte à côte sur cette photo étaient en fait les frères El Bakraoui, tous deux condamnés par la justice pour des braquages. L’un d’eux, Khalid, aurait notamment loué, sous une fausse identité, un appartement à Charleroi (sud) d’où sont partis les auteurs des attentats du 13 novembre à Paris juste avant de les commettre.

Il est également celui qui aurait loué, toujours sous une fausse identité, l’appartement dans la commune bruxelloise de Forest dont la perquisition a dégénéré en fusillades la semaine dernière, accélérant brusquement la traque d’un suspect-clé des attentats de Paris, Salah Abdeslam, arrêté vendredi par la police à Molenbeek après plus de 4 mois de traque.

La VRT affirme quant à elle que les deux frères sont bien impliqués dans les attentats de Bruxelles, qui ont fait une trentaine de morts et 250 blessés, mais qu’ils ont agi dans deux endroits différents: l’un d’eux aurait commis l’attentat à l’aéroport, tandis que l’autre s’est fait exploser dans le métro à la station Maelbeek, qui a fait au moins 15 morts.

Dès mardi soir, une source policière avait indiqué à l’AFP que l’homme qui marchait au milieu des deux autres sur la photo diffusée par la police « pourrait être Ibrahim El Bakraoui ».

Najim Laachraoui n’aurait pas été arrêté à Anderlecht

Une personne aurait bien été interpellée à Anderlecht en lien avec les attentats de Bruxelles. Il ne s’agirait cependant pas de Najim Laachraoui selon des sources policières. La RTBF précise cependant que plusieurs opérations seraient en cours dans la capitale.

Toujours selon la RTBF, la personne recherchée depuis mardi après l’attentat de l’aéroport de Zaventem et dont une image a été diffusée mardi soir le montrant portant un chapeau et une veste claire pourrait être (BIEN: pourrait être) Najim Laachraoui, un djihadiste présumé de 24 ans qui aurait été l’artificier des équipes qui ont semé la terreur dans la capitale française le 13 novembre 2015, faisant 130 morts.

Cet homme est soupçonné d’avoir participé aux attentats perpétrés mardi à Bruxelles. Le parquet fédéral n’a pas confirmé cette information pour l’instant. L’ADN de Najim Laachraoui avait également été retrouvé sur « du matériel explosif utilisé lors des attaques » qui ont fait 130 morts le 13 novembre à Paris. L’homme, parti en Syrie en février 2013, était recherché depuis le 4 décembre. Il avait été contrôlé sous la fausse identité de Soufiane Kayal début septembre à la frontière austro-hongroise en compagnie de Salah Abdeslam et de Mohamed Belkaïd, un Algérien de 35 ans abattu par la police à Forest.

‘Bombes dans les valises’

« Ils sont venus en taxi (…), leurs bombes étaient dans les valises. Ils ont mis leurs valises dans des chariots. Les deux premières bombes ont explosé », a indiqué à l’AFP le bourgmestre de la commune de Zaventem, Francis Vermeiren.

« Le troisième a aussi mis sa valise sur un chariot mais il a dû paniquer, elle n’a pas explosé » a-t-il ajouté. M. Van Leeuw avait précisé plus tôt qu’une troisième bombe n’avait effectivement pas explosé.

L’Etat islamique a revendiqué officiellement ces attaques, les plus sanglantes jamais commises dans la capitale de la Belgique et de l’Europe, montrant que ses réseaux restent capables de monter des opérations meurtrières.

« Une cellule secrète des soldats du califat (…) s’est élancée en direction de la Belgique croisée », affirme le communiqué, accusant ce pays de n’avoir « cessé de combattre l’islam et les musulmans ».

Attentats de Bruxelles: chasse à l'homme engagée
© REUTERS/ François Lenoir

Ces attentats surviennent quatre jours après la capture à Bruxelles du Français Salah Abdeslam, seul survivant parmi les commandos des attentats du 13 novembre à Paris (130 morts), qui est incarcéré à Bruges avant son transfèrement demandé par la France. Un de ses complices présumés, Najim Laachraoui, est recherché par les polices française et belge.

Selon des témoins, tout a commencé mardi à Zaventem vers 08H00 (07H00 GMT) avec des tirs entendus dans le hall des départs de l’aéroport, près des comptoirs d’enregistrement, juste avant qu’un homme ne lance des cris en arabe et que deux explosions retentissent.

« Un monsieur a crié en arabe (…) quelques mots et j’ai entendu une grosse déflagration », a témoigné Alphonse Lyoura, employé de la sécurité des bagages.

Une heure après ces attaques, qui ont fait 14 morts et 96 blessés selon les pompiers, un second attentat soufflait une rame de métro à la station Maelbeek, toute proche des institutions européennes. Il a fait « entre 15 et 20 morts » et une centaine de blessés, selon les pompiers.

Une photo de la RTBF montrait une rame éventrée, sièges déchiquetés et parois calcinées.

Jour noir pour la Belgique

Un rescapé interrogé par la radio Bel-RTL a expliqué que son wagon avait été évacué par le conducteur dans le noir et que les voyageurs avaient marché dans le tunnel en file indienne avant de sortir à la station suivante, complètement enfumée.

« J’ai entendu des gens crier +Sortez, sortez+, des gens couraient », a raconté à l’AFP un homme d’affaires qui a voulu garder l’anonymat. « Dehors, j’ai vu des gens assis, du sang sur le visage… De la fumée sortait du métro ».

Attentats de Bruxelles: chasse à l'homme engagée
© Belga

« Nous redoutions un attentat et c’est arrivé », a réagi le Premier ministre Charles Michel, évoquant un « moment noir » pour le pays. Il s’est rendu dans la soirée place de la Bourse, devenue le lieu de recueillement des Bruxellois, venus par centaines déposer fleurs et bougies.

« Ce 22 mars ne sera plus jamais une journée comme les autres », a déclaré à la télévision le roi Philippe.

En attendant un bilan définitif, on savait simplement que de multiples nationalités avaient été touchées, avec parmi les blessés quatre Américains, deux Britanniques et huit Français.

L’alerte antiterroriste a été relevée dans toute la Belgique au niveau 4, son niveau maximal, et l’aéroport de Bruxelles restera fermé mercredi. La sécurité autour des institutions européennes à Bruxelles et Strasbourg, ainsi qu’autour des centrales nucléaires belges, a été renforcée.

Tous les transports en commun bruxellois ont été suspendus plusieurs heures, ainsi que les trains internationaux Thalys et Eurostar, et la situation est revenue progressivement à la normale en soirée.

La sécurité a été renforcée dans les grands aéroports européens et américains. La France a annoncé 1.600 policiers et gendarmes supplémentaires, aux frontières et dans les transports, et son Premier ministre, Manuel Valls, était attendu mercredi à Bruxelles.

Au Royaume-Uni, la police a renforcé sa présence « dans les endroits névralgiques » et le Foreign Office a déconseillé aux ressortissants britanniques de se rendre à Bruxelles.

Une délégation du FBI et de la police de New York va se rendre à Bruxelles, a annoncé mardi soir le responsable de la lutte antiterroriste de la police de New York John Miller, expliquant que des Américains figuraient parmi les victimes des attentats. Et le département d’Etat a mis en garde les citoyens américains de « risques potentiels s’ils veulent voyager vers et à travers l’Europe ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire