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Asile: l’opposition francophone charge Theo Francken

L’opposition francophone, à l’exception du PP, a chargé, parfois durement, jeudi, le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Theo Francken, lors de son audition en Commission de la Chambre.

Devant une salle comble de parlementaires et de nombreux visiteurs, le très controversé secrétaire d’Etat de la N-VA a livré les grands principes de la politique qu’il compte mener durant les 5 années à venir: lutte contre les demandes d’asile multiples, refonte de la loi de 1980 sur les étrangers devenue trop compliquée au fil des modifications, droit de rôle réclamé aux demandeurs de permis de séjour, fin des régularisations collectives ou encore une politique de retour selon le principe « volontaire si possible, forcé si nécessaire ».

« Les décisions prises seront exécutées, en ce compris les décisions négatives », a-t-il assuré. M. Francken entend également éloigner les délinquants en situation illégale, avant même leur libération si c’est possible.

Plus inattendu, un passage réservé à la lutte contre le djihadisme: possibilité d’une interdiction d’entrée de participants à un conflit armé, interdiction de territoire pour les non-Belges et examen systématique de la possibilité de retirer le statut de réfugié ou de protection temporaire.

Une proposition ni humaniste, ni équilibrée

L’opposition francophone a dénoncé une politique qui faisait de l’immigré et du demandeur d’asile un fraudeur et une menace pour la société. « Au fond, il y a un type d’asile qui vous intéresse, c’est l’asile fiscal. Pour les prétendues victimes de persécution fiscale, c’est le tapis rouge », a lancé Emir Kir (PS). Zakia Khattabi (Ecolo) a pointé du doigt un glissement « de la politique d’asile vers la politique de sécurité » tandis que Vanessa Matz (cdH) a déploré une déclaration qui avait « le goût de l’humanisme et la couleur de l’équilibre » mais qui n’était ni humaniste, ni équilibrée.

L’opposition a épinglé plusieurs mesures annoncées, dont l’éloignement systématique de délinquants illégaux, perçu comme une double peine contraire à la Convention européenne des droits de l’homme, ou la fin des régularisations collectives. De telles régularisations n’ont jamais eu lieu, ont fait remarquer plusieurs députés. Les trois campagnes menées depuis 1974 se sont toujours fondées sur ces demandes individuelles.

Le passage sur la lutte contre le djihadisme a été perçu comme une posture politique, les jeunes gens partis combattre en Syrie étant nés en Belgique. « C’est une matière qui doit être bien gérée et dans laquelle il serait bon qu’il n’y ait pas trop de partis qui essaient de se profiler », a plaidé Hans Bonte (sp.a).

Le nouveau secrétaire d’Etat a assommé la Commission de chiffres pour étayer sa politique, notamment à propos des demandes d’asile multiples qui constituent 36% du total des demandes. « Il n’y en a jamais eu autant », a-t-il ajouté. Idem pour les illégaux qui sortent de prison: en 2013, leur nombre s’élevait à 13.085, dont environ 7.000 ont reçu un ordre de quitter le territoire et seulement 688 ont fait l’objet d’une mesure d’éloignement. « Si on veut se concentrer sur ce groupe, il y a encore de la marge », a fait remarquer M. Francken en précisant que le gouvernement précédent prenait déjà ce genre de mesure.

A ceux qui jugeaient sa note déséquilibrée, notamment à propos des demandes multiples, le secrétaire d’Etat a encore invoqué les chiffres: dans sa note de quelques pages, il y a trois fois le mot « abus » et dix fois le mot « protection ».

Dans la majorité, Denis Ducarme (MR) a vu dans la note présentée une politique respectueuse de l’humain mais qui permet à la Belgique d’assumer sa responsabilité, dans la continuité de l’action de Maggie De Block (Open Vld), secrétaire d’Etat en charge de l’asile dans le gouvernement Di Rupo.

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