Bianca Debaets © Belga

« Arrêter de créer des logements sociaux ne résoudra pas les problèmes »

Mettre fin à la construction de logements sociaux comme le demandent les libéraux bruxellois en vue de la prochaine législature ne résoudra pas le problème de la pauvreté pas plus que celui de l’exode urbain, a affirmé mercredi après-midi la secrétaire d’Etat bruxelloise CD&V Bianca Debaets, qui siège au sein du groupe cdH à la Ville de Bruxelles.

Dans un entretien accordé au quotidien De Standaard, l’échevine Open Vld Els Ampe, a affirmé que les libéraux de la Ville de Bruxelles plaideront dans leur programme électoral, pour un arrêt de la construction de logements sociaux.

Pour elle, une partie des logements publics du Pentagone, lesquels représentent un tiers de l’ensemble, sont des habitations du CPAS ou des habitations sociales, ce qui « n’est pas sain ».

Aux yeux d’Els Ampe, « les habitations sociales attirent la pauvreté et c’est intenable dans la situation actuelle. En 1980, les Bruxellois étaient les habitants les plus riches du pays; actuellement ils en sont les plus pauvres ». Il importe à présent d' »oeuvrer à la progression sociale de ceux qui y sont déjà ». D’après l’échevine, les libéraux plaident pour une meilleure répartition des logements sociaux dans l’ensemble des communes bruxelloises et pour un marché immobilier privé plus important, s’adressant à la classe moyenne.

Pour Bianca Debaets, une des figures de proue de la liste sociale-chrétienne bilingue de la Ville en vue des élections d’octobre, il faut que les pouvoirs publics continuent à fortement investir dans les logements sociaux, sachant qu’un enfant sur quatre grandit dans la pauvreté. Y mettre fin poussera davantage les familles fragilisées vers des logements non conformes aux normes ou appartenant à des marchands de sommeil.

« Les pouvoirs publics doivent suffisamment investir dans des quartiers socialement diversifiés et prévoir une répartition réfléchie des logements sociaux dans la Région. C’est pourquoi, le CD&V veut continuer à miser sur des formes de logements qualitatifs et sur suffisamment d’incitants financiers et fiscaux afin de conserver et d’attirer la classe moyenne, a-t-elle tenu à dire.

La classe moyenne ne quitte pas Bruxelles parce que le nombre de logements sociaux augmente. Chaque Bruxellois souhaite avant tout avoir une maison dans un quartier attrayant, en sécurité et où il fait bon vivre. Cela passe par un enseignement de qualité, des espaces verts où les enfants peuvent jouer, des trajets vers l’école en toute sécurité, etc., a-t-elle insisté.

La Ville offre du logement moyen de qualité

Face au boom démographique, la Ville de Bruxelles a misé, au cours des dernières années, sur la mise à disposition de logements moyens publics de qualité, a pour sa part affirmé l’échevin du Logement de la Ville de Bruxelles, Mohamed Ouriaghli (PS). La Régie foncière, dont l’échevin à la charge offre du logement moyen aux habitants. « A ne pas confondre avec le logement social, a dit M. Ouriaghli, réagissant aux propos d’Els Ampe.

« En mettant sur pied le ‘plan 850 (ndlr: nouveaux) logements’ à l’entame de l’actuelle législature, face à la demande de la population bruxelloise croissante, la Ville de Bruxelles a pris ses responsabilités en permettant à ses citoyens de se loger décemment, dans des logements de qualité. La Régie Foncière – dont l’échevin a la gestion – offre aux citoyens bruxellois du logement dit moyen. A ne pas confondre donc avec le logement social », a commenté jeudi le cabinet de Mohamed Ouriaghli.

Rappelant que la construction de logements faisait partie de l’accord de l’actuelle majorité socialiste-libérale de la Ville, celui-ci a souligné que la Régie Foncière oeuvrait à la croissance de son patrimoine pour offrir aux citoyens bruxellois « du logement moyen, digne et de qualité à un prix concurrentiel ».

Selon le cabinet de l’échevin, 68% des logements moyens sont offerts à tout candidat dont le revenu correspond à 40% du loyer. Et dès lors, 32 % du parc résidentiel est constitué de « logements à loyers et revenus encadrés ».

« Ce n’est certainement pas en construisant des logements de qualité à des prix abordables que l’on attire la pauvreté. Nombre de nos concitoyens éprouvent des difficultés. Si on ajoute à cela le boom démographique, on comprend comme le prix des loyers peut poser problème. Dans cette situation, le pouvoir public et les politiques doivent prendre leur responsabilité. C’est pour cela que nous construisons des logements confortables à des prix accessibles », a précisé l’échevin.

M. Ouriaghli a souligné que cette politique de logement public permettait également de jouer sur les prix du marché, à l’avantage des Bruxellois.

L’échevin a par ailleurs concédé que la répartition des logements sociaux devait être plus équilibrée au sein des communes de la Région de Bruxelles-Capitale. Mais celle-ci relève de la Région Bruxelloise et non de la Ville, a-t-il rappelé.

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