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Arrêté trois fois en quatorze ans, Bahar Kimyongür en a assez

Stagiaire Le Vif

Après 4 mois en résidence surveillée en Italie, Bahar Kimyongür, militant belge d’extrême gauche est libéré. C’est la troisième fois en 14 ans qu’il est arrêté en raison d’un mandat d’arrêt international émis à son encontre par la Turquie pour terrorisme. Une accusation qu’il n’a jamais cessé de récuser.

Cela fait 14 ans que la Turquie demande son extradition et pourtant, à chaque arrestation aux Pays-Bas d’abord puis en Espagne et enfin en Italie, il est acquitté. Si ce militant est heureux de cette libération, il exprime également sa colère au micro de la RTBF : « Je pense qu’après toutes ces années d’acharnement et de persécutions, je peux dire ‘basta’ à tout ça ». Il poursuit : « Je dirais que cette pratique de criminaliser l’opinion politique dissidente n’est pas une exception, mais un vieux réflexe autoritaire du régime d’Ankara »

Avant de subir sa troisième arrestation le 17 juin dernier, alors qu’il visitait la cathédrale de Cordoue en famille, il avait dénoncé l’immixtion des forces étrangères, dont la Turquie, dans le conflit sanglant en Syrie.

Retour sur le parcours chaotique de ce militant d’extrême gauche. La nuit du 27 au 28 avril 2006, Bahar Kimyongür est arrêté aux Pays-Bas en raison d’un mandat d’arrêt international émis à son encontre par la Turquie. Celle-ci souhaite son extradition. Après des mois d’emprisonnement, les autorités judiciaires hollandaises refusent de donner suite au mandat turc. Il est donc libéré une première fois.

En 2009, il est poursuivi en Belgique pour son appartenance à une organisation apparemment terroriste, le mouvement d’extrême gauche « DHKP-C », mais sera acquitté.Suite à ces décisions, le mandat d’arrêt transmit par interpole est suspendu.

Bahar s’en prend verbalement à l’ex-ministre de la Justice turc lors d’une comparution à Bruxelles en 2013. Bien qu’aucun acte de violence n’ait été commis, le mandat d’arrêt est réactivé le 28 mai. Le mandat en question mentionne des faits de terrorisme sans les préciser.

Il sera donc de nouveau arrêté en juin 2013 et détenu en Espagne. Après avoir payer une caution s’élevant à 10 000 euros, il est une nouvelle fois libéré.

Son conseiller, Chrisophe Marchand, juge que cette nième arrestation met en exergue le caractère obsolète d’Interpol et l’inefficacité de la coopération judiciaire au sein de l’Union européenne. « Deux juges se sont déjà prononcés sur cette extradition et ont refusé d’exécuter le mandat. Or, ce dernier continue à être actif malgré ces décisions », explique-t-il à la RTBF.

Ces arrestations répétées sur un ressortissant ont donné lieu à de nombreuses manifestations en Belgique. Selon Daniel Flinker, porte-parole du Comité pour la liberté d’expression et d’association interviewé par Le Soir, Bahar Kimyongür n’a pas commis de délit, « à moins de considérer que la dénonciation des exactions d’Ankara en soit un ».

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