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Armée : Vandeput peaufine son « plan stratégique », certains partis rechignent à le suivre

Petit à petit, les contours du « plan stratégique » à quinze ans que prépare le ministre de la Défense, Steven Vandeput, émergent au grand jour, révélant qu’il souhaite tripler le budget de l’armée d’ici 2030, pour l’amener « dans la moyenne européenne », soit 1,6% du PIB consacré aux « dépenses de défense », la référence au sein de l’Otan, après un creux à 0,83% à la fin de l’actuelle législature.

Les moyens ainsi obtenus, avec des effectifs réduits de 31.000 personnes à 27.000 du fait du non-remplacement de tous les militaires partant à la retraite, permettraient de financer un vaste plan d’investissements prévoyant – comme prévu dans l’accord de gouvernement – le remplacement des chasseurs-bombardiers F-16 et la préparation de la succession des actuelles frégates et chasseurs de mines.

Mais aussi, selon le journal ‘La Libre Belgique’, un système de défense anti-aérienne territoriale de la gamme Patriot pour protéger des « sites stratégiques », des drones et une capacité de ravitaillement en vol. Plus des hélicoptères de combat, de l’artillerie à guidage GPS et des équipements de lutte anti-sous-marine pour les hélicoptères NH90…

Cette longue – et coûteuse – « shopping list », établie par un petit groupe de collaborateurs du ministre, est toutefois encore loin de faire l’unanimité au sein des quatre partis de la coalition, qui s’interrogent sur les montants en jeu, et, plus fondamentalement, sur son caractère « réaliste », a-t-on appris dimanche de bonne source.

Les discussions sont désormais menées entre les cabinets des principaux ministres. M. Vandeput (N-VA) a, après de longues tractations, obtenu le 8 mai un premier accord du conseil ministériel restreint, le « kern », sur les prémisses de son plan: la définition de l' »environnement sécuritaire » – devenu plus incertain, avec des crises à l’est et au sud, de l’Europe – dans lequel l’armée belge est appelée à évoluer. Il lui reste à faire valider son plan stratégique avant les vacances d’été, c’est à dire le 21 juillet.

Lui et son entourage se veulent « confiants » sur le respect de cette échéance. La rédaction d’un tel plan est l’une des tâches que l’accord de gouvernement – ambitieux en matière de Défense – a confiées à M. Vandeput. Mais les moyens dont il dispose ont été rabotés dès l’entrée en fonction de l’équipe Michel 1er en octobre dernier, avec un budget frappé par de nouvelles réductions: de 2,45 milliards en 2015, soit 0,61% du Produit intérieur brut (PIB), à 2,1 milliards (soit 0,48%) en 2019. S’y ajoutent toutefois les montants des pensions des militaires, ce qui est autorisé par l’Otan et donne des chiffres plus élevés: 3,75 milliards en 2015 (0,94% du PIB) et 3,6 milliards en 2019 (0,89%). Soit bien en dessous du minimum des 2% que l’Otan réclame de ses membres, avec de plus en plus d’insistance.

Le ministre souhaite une « stabilisation » du budget de la Défense – ce qui ne sera pas le cas sous cette législature, en dépit d’un petit coup de pouce de 100 millions d’euros potentiels obtenu en mai -, avant une hausse à terme des dépenses de défense vers la moyenne européenne, pour atteindre vers 2030 environ 1,6% du PIB. Ce qui représenterait alors un montant total de 7,8 milliards d’euros, dont 6,3 milliards pour le seul budget de la Défense et le solde (1,5 milliard) pour les pensions, en euro constant (valeur 2015).

Le gain cumulé pour le budget de la Défense atteindrait dans ce cas 24,62 milliards d’euros en quinze ans, indique un spécialiste. Il ouvrirait donc la voie à des achats importants d’équipements militaires (44 avions de combat à capacité nucléaire, des hélicoptères d’attaque, des missiles anti-aériens, des drones d’observation et armés, des avions ravitailleurs, trois frégates, cinq chasseurs de mines, …).

Ces acquisitions devraient être financées par une « loi de programmation militaire » à dix ans. Mais certains experts reprochent au projet du ministre de partir d’un objectif budgétaire élevé (1,6% du PIB) et d’y accoler des « capacités » plutôt que de faire la démarche inverse: définir des « capacités-clés » et réalistes, puis évaluer les moyens budgétaires nécessaires. Son projet d’articuler la composante Terre autour de quatre GTIA (groupements tactiques interarmées, ou « battle groups ») de 1.200 hommes qui combineraient les différentes missions terrestres de l’armée, du génie aux forces spéciales, rencontre aussi de l’opposition en interne, en raison du peu d’implication de l’état-major de la Défense dans la rédaction du plan stratégique.

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