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ArcelorMittal : Marcourt se donne deux mois pour trouver un repreneur

Le Vif

Le ministre wallon de l’économie, Jean-Claude Marcourt (PS), se donne deux mois pour trouver un repreneur aux activités délaissées par ArcelorMittal sur son site liégeois. « J’ai des idées en tête », a-t-il déclaré au micro de Bel RTL, sans toutefois citer de nom.

S’il admet que les déboires d’ArcelorMittal sont liés à la conjoncture économique difficile, M. Marcourt impute la fermeture de sept lignes sur douze de la phase à froid, annoncée jeudi, avant tout à la stratégie défaillante du groupe.

Le géant sidérurgique s’est concentré sur un marché automobile désormais peu porteur et n’a pas développé de plan commercial pour permettre l’utilisation des outils liégeois, a-t-il accusé. « Je ne comprends pas cette stratégie ».

Pour l’heure, le ministre PS « se refuse à parler de plan social et de licenciements ». Il se donne deux mois pour trouver un repreneur capable de développer certaines activités de niche. Il y a, selon lui, « énormément d’industriels qui gagnent de l’argent en Europe, alors que Mittal en perd ». « J’ai des idées en tête », a-t-il ajouté, sans toutefois donner les noms des candidats potentiels. « Je ne les ai pas encore contactés ».

M. Marcourt veut croire qu’ArcelorMittal acceptera de céder les sites délaissés. « Sinon ce sera un mensonge supplémentaire », dit-il. Interrogé sur les réactions politiques très dures à l’encontre de Lakshmi Mittal, qualifié par certains de « crapule », M. Marcourt estime que « la colère justifie les débordements oraux ». Mais les dirigeants Mittal « ont perdu toute crédibilité », ajoute-t-il. « Il leur appartient de la reconquérir ».

« Une fermeture nécessaire pour la rentabilité de l’entreprise »

La direction liégeoise d’ArcelorMittal a justifié son projet de fermeture définitive de certaines installations de la phase à froid, jeudi après-midi par conférence de presse téléphonique. Elio Di Rupo qui a rencontré le grand patron d’ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, considère que « les portes sont fermées ».

« Depuis octobre 2011, lorsque nous avons décidé d’arrêter la phase liquide, de nombreux éléments ont changé la donne », indique Bernard Dehut, CEO d’ArcelorMittal Liège. « Les perspectives économiques ne sont pas bonnes, la demande des clients a chuté de 9%. Nous sommes toujours sous le seuil d’avant crise et nous ne voyons pas d’amélioration pour le futur. » Malgré la fermeture des hauts-fourneaux, l’entreprise comptabilise 200 millions d’euros de perte pour les neuf premiers mois de 2012.

« C’est une fois l’exercice budgétaire 2013 terminé, mi-décembre, que nous nous sommes rendu compte que les résultats étaient catastrophiques », précise le CEO. « On espérait que la fermeture du chaud suffirait, mais il est devenu de plus en plus évident que des actions complémentaires étaient nécessaires pour endiguer les pertes. Personne n’imaginait que la procédure Renault liée à la fermeture du chaud durerait aussi longtemps et qu’on perdrait 5 millions d’euros tous les mois. La situation ne pouvait pas perdurer. Nous avons donc pris la décision de renforcer les 5 lignes stratégiques et d’arrêter les lignes flexibles pour répondre aux changements structurels du marché. C’est nécessaire pour la rentabilité de l’entreprise », poursuit le CEO.

La direction s’est engagée à rechercher des solutions sociales acceptables pour les 1.300 travailleurs concernés par le projet. Elle invite les syndicats à « un dialogue constructif pour garantir l’avenir des installations restant à Liège. »Le plan d’investissement de 138 millions d’euros qu’elle avait mis sur la table lors des réunions tripartites (direction, syndicats et gouvernement wallon) sera réadapté compte tenu de la situation actuelle. Mais elle affirme que des investissements seront réalisés pour assurer l’avenir des cinq lignes considérées comme stratégiques.

« Je peux affirmer qu’il n’y aura pas d’autres fermetures », s’est engagé Bernard Dehut. « Nous avons un réel projet industriel pour Liège. L’annonce de ce matin n’est pas une étape vers une fermeture totale du bassin, mais je comprends qu’elle soit difficile à entendre pour les travailleurs. »

Elio Di Rupo manifeste son mécontentement à Mittal et lui demande de revoir sa position

Le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, a rencontré jeudi à Davos (Suisse) le grand patron d’ArcelorMittal, Lakshmi Mittal. Il lui a fait part du « mécontentement très fort » des gouvernements fédéral et wallon et lui a demandé de revoir sa position. Il lui a également demandé de maintenir le contact avec le gouvernement wallon.

A ce stade, Elio Di Rupo considère cependant que « les portes sont fermées ». Elio Di Rupo, qui a rappelé les efforts déjà consentis tant par les travailleurs que par les pouvoirs publics, a demandé au patron du groupe sidérurgique de refaire passer les « lignes flexibles », menacées de fermeture, dans son core-business en les requalifiant en lignes principales. A défaut, il a lui demandé de permettre au gouvernement wallon de trouver un repreneur pour ces lignes. Il a par ailleurs plaidé pour que le sidérurgiste continue à investir dans les 5 lignes restantes et dans le centre de recherches. Lakshmi Mittal n’a à ce stade rien promis et n’est pas revenu sur sa décision. Il a précisé au Premier belge que la décision de fermeture avait été prise il y a deux jours, après de longues discussions. Une réunion entre gouvernements wallon et fédéral aura lieu demain/vendredi sur le sujet.

Monica De Coninck plaide pour la constitution d’une task force

La ministre de l’Emploi Monica De Coninck a plaidé jeudi à la Chambre pour la constitution d’une task force après l’annonce de la fermeture d’une partie de la phase à froid du bassin liégeois. Elle a rappelé que c’est la Région wallonne qui est principalement compétente dans le dossier d’ArceloMittal tout en ajoutant que le gouvernement fédéral explorait toutes les pistes de solution. La ministre a été interrogée par Alain Mathot (PS), Bernard Clerfayt (FDF), Muriel Gerkens (Ecolo) et Daniel Bacquelaine (MR) après l’annonce par la direction d’ArcelorMittal de la fermture d’un certain nombre d’installations de la phase à froid à Liège. Cette annonce a été un choc, a dit la ministre qui a rappelé qu’en un an et demi 2.000 emplois avaient ainsi été perdus chez ArcelorMittal, à Liège.

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