© Image Globe

ArcelorMittal : jour de colère à Namur

Le Vif

Les travailleurs d’ArcelorMittal – qui étaient entre 1.500 et 2.000 selon les syndicats; 1.200 selon la police – ont quitté Namur sur le coup de 14 heures, alors que se terminait à l’Elysette une rencontre entre une délégation syndicale et plusieurs représentants du gouvernement wallon.

Arrivés à bord d’une vingtaine de bus en fin de matinée, les manifestants se sont rendus, en cortège, vers le siège du gouvernement wallon, à Jambes. La situation y a rapidement dégénéré. Bloqués par des barrages dressés par les forces de l’ordre à l’entrée de la rue menant à l’Elysette, copieusement arrosés par 2 auto-pompes et finalement obligés de reculer, les manifestants – arborant principalement des vestes rouges de la FGTB – ont lancé de nombreux projectiles, dépavant une partie des trottoirs et brisant au passage les vitres de différents commerces qui avaient pourtant pris la précaution de fermer.

Plusieurs manifestants ont été légèrement blessés, l’un d’entre eux ayant été emmené à l’hôpital avec une épaule démise, a constaté sur place l’agence Belga. Du côté de la police, on fait état de 5 blessés.

« Ce que nous voulions, c’était nous rendre devant l’Elysette afin de rappeler aux politiques qu’ils parlent de l’avenir d’hommes, de travailleurs qui ont déjà fait beaucoup d’efforts et qui doivent nourrir leur famille. Nous ne sommes ni des méchants, ni des casseurs, mais nous nous sommes retrouvés face à un barrage policier imposant et ça a mis le feu aux poudres », explique un métallo, déjà présent à Bruxelles vendredi dernier.

« Nous attendons des autorités politiques qu’elles aient quelques minutes de courage politique et qu’elles adoptent des lois empêchant des terroristes industriels, des gangsters comme Mittal, de fermer des usines pour faire davantage de bénéfices ailleurs », ajoute de son côté Alain Giroul, délégué FGTB à Ferblatil.

Par ailleurs, nombreux sont ceux, parmi les manifestants, qui ne croient pas en la piste du repreneur industriel, pourtant privilégiée par le gouvernement wallon. « Trouver un repreneur et revivre le même scénario dans 2 ou 3 ans, ça ne sert à rien, d’autant que de toute façon, Mittal ne veut pas vendre. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et opter pour une nationalisation permanente. C’est ce qui a été fait dans la Sarre et ça fonctionne », explique ainsi Marco Linadelfo, un prépensionné de Cockerill.

« Aujourd’hui, si on ne fait rien, c’est toute une région qui va mourir. Il reste une petite chance de sauver l’outil et l’emploi. C’est pour ça que nous sommes là et que nous reviendrons », avertit enfin un métallo, militant à la CSC.

Des manifestations à Luxembourg mais aussi à Strasbourg et à Bruxelles pourraient à nouveau être organisées dans les semaines à venir.

Les forces de l’ordre se défendent de toute provocation

« En aucune manière, il n’y a eu de provocation de la part des forces de l’ordre », ont affirmé en choeur, mardi après-midi, le bourgmestre de Namur et plusieurs responsables de la police. « Nous sommes interpellés par la violence avec laquelle certains manifestants s’en sont pris aux forces de l’ordre. Armés de battes de base-ball, de barres de fer et de boulons, ils sont passés directement à l’attaque, sans temporisation et sans discussion possible », a expliqué le chef de corps Pascal Ligot. « Notre riposte, défensive, a été proportionnée et s’est faite en toute légalité. Mais nous avons dû être extrêmement rigoureux et fermes pour tenir bon et assurer la sécurité des institutions », a-t-il ajouté.

En début de manifestation, quelque 130 policiers – locaux et fédéraux, en provenance notamment d’Anvers – étaient mobilisés pour l’événement, un nombre qui passera à 200 en cours d’après-midi. Cinq d’entre eux ont été blessés, dont l’un a dû être hospitalisé. Plusieurs manifestants ont également été légèrement touchés. « Si nous comprenons la rage des travailleurs d’ArcelorMittal, nous ne cautionnons absolument pas cette violence qui vise les forces de l’ordre et les bâtiments », a pour sa part déclaré le bourgmestre de Namur, Maxime Prévot. « On sait que les métallos sont particulièrement démonstratifs mais là, on est hors de toute proportion raisonnable », a-t-il poursuivi.

Du côté policier, on regrette en outre l’absence d’interlocuteurs au sein du cortège. « En général, les syndicats prévoient eux-mêmes un service d’ordre chargé d’encadrer la base. Cette fois-ci, nous étions seuls face aux travailleurs », ont regretté plusieurs commissaires. Enfin, malgré les scènes de violence qui ont marqué la manifestation, aucune arrestation administrative n’a été enregistrée.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire