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Après la trêve estivale, les manoeuvres reprennent sur le front francophone

Les manoeuvres reprendront la semaine prochaine sur le front politique francophone. A quelques jours de la rentrée, la situation semble plus confuse que jamais. Si la Wallonie dispose d’une majorité depuis la fin juillet, l’incertitude demeure sur l’avenir des coalitions à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Il y a deux mois, le président du cdH, Benoît Lutgen, a mis le monde politique francophone sens dessus-dessous en annonçant qu’il rompait l’alliance conclue avec le PS dans les entités fédérées. L’opération a abouti à la mise en place d’un nouvel exécutif MR-cdH en Wallonie, présidé par Willy Borsus (MR). Dans les autres entités, elle est enlisée.

Tant à Bruxelles qu’à la Fédération Wallonie-Bruxelles, le MR et le cdH ne disposent pas ensemble d’une majorité. Ils doivent rallier DéFI et/ou Ecolo. Des pourparlers ont eu lieu avec Ecolo qui a placé le débat sur le thème de la gouvernance comme préalable à toute discussion sur une nouvelle alliance. Si des avancées ont été engrangées, elles ont paru insuffisantes aux Verts qui n’ont pas voulu aller plus loin. Depuis lors, un parti, DéFI, et son président, Olivier Maingain, tiennent les autres formations en haleine. A Bruxelles, l’appoint des amarantes garantirait une majorité d’un seul siège aux côtés du MR et du cdH. Et cette majorité compterait, à ce jour, une personne inculpée dans le cadre d’une affaire pénale (Joëlle Milquet, cdH). Or, Olivier Maingain l’a répété: il veut une solution juridique pour régler le cas des mandataires inculpés. En Fédération Wallonie-Bruxelles, le soutien de DéFI garantirait 49 sièges sur 94 à une coalition avec le MR et le cdH.

Le président de DéFI n’entend pas se laisser imposer les choix des autres. Il n’a pas apprécié l’initiative unilatérale de son collègue du cdH qui, à ses yeux, a fragilisé l’espace francophone face aux nationalistes flamands. Parmi les pistes de solution, il a déjà cité une alliance regroupant à la Fédération les partis au pouvoir en Wallonie et à Bruxelles, soit à ce jour le MR, le cdH, DéFI et le PS. Selon lui, il faut en tout cas renforcer l’institution qui rassemble la Wallonie et Bruxelles, une proposition à rebours du régionalisme qui a gagné les autres partis au fil du temps.

A Bruxelles, le ministre Didier Gosuin, l’un des pontes de DéFI, s’est montré clair: il n’exclut rien mais il juge qu’il n’y a aucune raison pour le moment de changer l’attelage parce qu’un parti le souhaite, et ce d’autant plus qu’aucune proposition concrète n’a été mise sur la table. Un renversement d’alliance et une nouvelle Déclaration de politique régionale impliquerait en outre l’assentiment des partis flamands de la coalition (Open Vld, sp.a, CD&V). Or, ceux-ci ont également fait savoir qu’ils ne demandaient pas de changement.

Jusqu’à présent DéFI n’a pas accepté d’autres discussions que bilatérales. Le début de la semaine prochaine pourrait-il être le prélude de négociations? Rien n’est moins sûr. Vendredi, le président du MR, Olivier Chastel, a exclu l’idée d’une coalition associant le PS en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il torpille donc l’idée d’une union des partis francophones. Le risque de paralysie de l’institution est réel. Si DéFI ne se laisse pas convaincre par une nouvelle alliance, le cdH -qui détient l’enseignement, la culture et l’enfance en Fédération- fera face à un choix cornélien: soit ses ministres démissionnent, soit ils demeurent dans des exécutifs où la confiance sera difficile voire impossible à reconstruire. Dans une tribune libre, les ex-présidents du PSC/cdH, Philippe Maystadt et Joëlle Milquet, en ont appelé au sens des responsabilités de chacun. Si une solution de rechange ne pouvait être trouvée, il estiment qu’il faudra « continuer à assumer les engagements pris et à exercer les responsabilités actuelles », en Fédération Wallonie-Bruxelles et à Bruxelles.

S’il demeure le premier parti francophone, le PS vit des jours difficiles. Il est à nouveau rattrapé par des affaires de gouvernance en Wallonie et cette fois-ci à Bruxelles. La présidence d’Elio Di Rupo n’est pas encore publiquement remise en cause mais l’ex-ministre-président wallon Paul Magnette s’affirme de plus en plus comme le chef de file des rénovateurs du parti. Quant à Laurette Onkelinx, son étoile a pâli à la suite du scandale du Samusocial. L’ex-vice-première ministre a annoncé dans la Dernière heure et sur La Première qu’elle ferait un choix entre la présidence de la Fédération bruxelloise du parti et sa fonction de chef de groupe à la Chambre. Selon elle, il est temps que de nouvelles têtes apparaissent pour lancer un « New PS ». Lundi, le parti tiendra un bureau pour approuver la synthèse du vaste « chantier des idées » lancé après les dernières élections.

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