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« Anvers, la tentation du venin »

C’est le titre du reportage que l’hebdomadaire français Les Inrockuptibles consacre cette semaine, sur sept pages, au « bastion socialiste fragilisé par le chômage et la crise politique que traverse la Belgique ».

Ce « centre économique de la Flandre et capitale mondiale du diamant, en passe de basculer aux mains des nationalistes ». Illustré par les photos, splendides, de Colin Delfosse (photos de Filip Dewinter, patron du Vlaams Belang, Patrick Janssens, actuel bourgmestre SP.A, Doel et Bart De Wever – qui a refusé de rencontrer Les Inrocks – en affiche à Borgerhout), le reportage part du postulat selon lequel Anvers pourrait bien être le laboratoire de la dissolution programmée de la Belgique. Dewinter y analyse la situation en ces termes : « Bart De Wever est un peu l’équivalent de Nicolas Sarkozy. Votre ancien président reprenait le discours du Front national pour siphonner ses voix. Aujourd’hui, la N-VA apparaît comme une sorte de Vlaams Belang light. Le parti de De Wever a repris une grande partie de notre discours sur l’immigration ou bien encore sur l’indépendance de la Flandre mais en la présentant de manière plus soft. » Marc Swyngedouw, sociologue à la KUL, confirme : « La N-VA se situe dans le sillon creusé par le Belang, la respectabilité en plus. Les électeurs estiment que ce n’est pas un vote perdu puisque De Wever est en capacité d’accéder au pouvoir. Et les autres partis sont d’accord pour gouverner avec lui. » Dave Sinardet, politologue à l’université d’Anvers et à la VUB, évoquant De Wever, parle d' »un personnage politique très ambigu, capable d’apparaître comme un intellectuel nuancé et parfois comme un véritable populiste. Son tour de force est d’avoir réussi à cannibaliser toute la droite flamande, même s’il est sans cesse contraint au grand écart politique pour récolter les voix du centre et de l’estrême droite. » Marcel Sel, essayiste et « auteur d’un livre consacré à la bête : Les secrets de Bart De Wever », y rappelle que le chef de la N-VA « entretient parfaitement le martyre d’une Flandre soumise aux diktats des Wallons socialistes. Alors que les Flamands dominent la Belgique depuis trente ans, aussi bien économiquement que politiquement. »

Jean Faniel, du Centre de recherche et d’information sociopolitiques (Crisp) conclue le reportage en nuançant : « De Wever se rêve en faiseur de roi de la coalition gouvernementale en 2014. Mais c’est loin d’être fait. En Flandre, tous les partis ont connu leur meilleur et leur pire score dans les dix dernières années. Il y a une grande volatilité de l’électorat. »

Th F.

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