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Antiterrorisme: rencontre « constructive » entre Jan Jambon et Human Rights Watch

Les auteurs du rapport de Human Rights Watch (HRW) sur les réponses antiterroristes de la Belgique et le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, se sont rencontrés jeudi, à la veille de la publication de l’étude, ont-ils indiqué. Ils ont abordé plusieurs points, dont les incidents de comportement abusif de la police lors d’opérations antiterroristes recensés par l’ONG et la méfiance de certaines communautés à l’égard des forces de l’ordre.

Du côté du ministre Jambon, on qualifie l’échange de « constructif », selon la porte-parole du ministre, Anne-Laure Mouligneaux. Un point de vue partagé par les représentants de l’organisation de défense des droits de l’homme, qui souhaitent toutefois poursuivre le dialogue avec les autorités belges afin que de véritables mécanismes permettant d’éviter toute dérive sécuritaire soient créés.

Face à la demande de HRW d’avoir plus de diversité dans les rangs policiers, le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’un projet était en cours d’élargissement. « Un projet pilote a été lancé à Anvers en début d’année pour stimuler un recrutement local – avec des campagnes locales (jusqu’à présent le recrutement est organisé au niveau national). Le but est d’avoir plus de diversité dans le corps policier. Cette expérience a été évaluée positivement. Il pourra être développé dans les autres grandes villes qui le souhaitent », indique la porte-parole de M. Jambon.

Une initiative saluée par les représentants de l’ONG, même si ils souhaitent davantage d’avancées comme la création d’une institution nationale des droits de l’Homme pour récolter les plaintes, ainsi que la mise en place de statistiques sur base des plaintes reçues en rapport avec des abus de la police.

L’ONG salue toutefois le choix de la Belgique de ne pas décréter l’état d’urgence, contrairement à d’autres pays comme la France. « Toutes les interventions policières sont sous contrôle judiciaire. La Belgique peut donc aussi servir d’exemple ici », a indiqué Nadim Houry, directeur Terrorisme et Lutte Anti-terroriste de HRW.

Concernant les 26 cas de comportement abusif de la police lors d’opérations antiterroristes recensés par HRW, on indique, du côté du ministre de l’Intérieur, qu’il s’agit avant tout d’allégations. « Nous n’avons pas d’écho de la version de la police dans le rapport », explique Mme Mouligneaux rappelant également qu’il n’existe aucune tolérance au sein de la police pour le racisme ou la discrimination. « Nous avons également rappelé que la formation des policiers comporte des modules sur la non-discrimination, sur la gestion de la violence. »

Les échanges ont également porté sur les lois et réglementations antiterroristes adoptées après les attentats. « Ces mesures ont été votées à la majorité par un parlement démocratiquement élu. Chaque mesure votée l’est toujours dans le plus respect des droits de l’Homme et du droit à la vie privée », indique-t-on au cabinet du ministre.

Les représentants de HRW ont également rencontré des représentants du SPF Justice et des Affaires étrangères ces derniers jours. « Ce rapport est une sonnette d’alarme afin d’éviter de plonger dans les dérives sécuritaires. Nous espérons voir une évolution ces prochains mois à la suite de nos recommandations à la Belgique. Nous suivrons également de près d’autres challenges comme le retour des combattants étrangers », conclut Nadim Houry.

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