Dyab Abou Jahjah. Un fond antisioniste qui n'a pas changé. © JIMMY KETS/ID PHOTO AGENCY

LA PROVOCATION DE TROP D’ABOU JAHJAH

L’intellectuel justifie un attentat au nom de la résistance palestinienne, franchissant la ligne rouge. Apologie du terrorisme ?

On le croyait assagi après son retour du Liban. Exonéré du rôle d’émeutier par la justice (Anvers, 2002). Auteur de livres politiques (De Stad is van ons. Manifest van de nieuwe meerderheid,Pleidooi voor radicalisering). Faisant joujou avec son évanescent mouvement X soutenu avec gravité par la gauche multiculturaliste du monde académique et quelques quotidiens bien-pensants. Chassez le naturel, il revient au galop. Chez Dyab Abou Jahjah, 46 ans, le fond de sauce est resté le même : violemment antisioniste, véritablement antisémite.

Il n’est pas si loin le temps où il promettait  » la valise ou le cercueil  » à  » tous les juifs en Israël  » (15 août 2009). En 2002, l’effigie d’un juif orthodoxe avait déjà brûlé lors d’une manifestation organisée à Anvers par sa Ligue arabe européenne (AEL) et le PVDA-PTB. Dans une autre manif de l’AEL et du mouvement X à Anvers, le 12 juillet 2014, des appels à  » égorger les juifs  » avaient été lancés en présence de représentants du SP.A, de Groen et du PVDA-PTB. Une enquête judiciaire est toujours en cours. En dépit des critiques venant essentiellement de la communauté juive flamande et de la N-VA, la fascination pour cette figure militante de la gauche arabe restait la plus forte.

A Jérusalem, le 8 janvier, un extrémiste palestinien tue avec son camion quatre jeunes officiers et blesse 17 autres personnes. Du terrorisme daechien comme à Nice et Berlin ? Pas aux yeux d’Abou Jahjah. Lui évoque un  » acte de résistance « . Un pont trop loin aux yeux du respectable quotidien De Standaard où il tenait chronique. Il reçoit son C4, motivé par le franchissement d’une ligne rouge : le soutien à la violence. Abou Jahjah se défend longuement et concède qu’il ne se réjouit pas de la mort de quiconque, fût-ce un Israélien. Quelques jours plus tard, il dénonce, toujours sur Facebook, les hommes politiques des villes européennes qui ont mis le drapeau israélien en berne alors qu’ils ne se solidariseraient pas avec les victimes palestiniennes des  » soldats d’Israël « .  » Nous nous souviendrons d’eux « , lâche-t-il, dans la veine du hashtag TheNewmainstreamisUs.  » Nous sommes la nouvelle majorité…  »

Il a failli être invité sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche (RTL-TVI) mais avait refusé que l’ambassadeur d’Israël y participe.  » Le débat a été annulé vu les exigences de l’une ou l’autre personne « , énonce Christophe Deborsu. Yohan Benizri, président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique, le qualifie, lui, de  » dictateur des plateaux télé « .  » Il y a une continuité, ajoute-t-il, entre Mohammed Merah qui a tué des militaires et des enfants juifs à Montauban et à Toulouse au nom de la cause palestinienne, l’attaque du Musée juif de Belgique et les justifications de l’attentat de Jérusalem. En France, cela tomberait sous le coup de la loi sur l’apologie du terrorisme. Cela participe à la libération d’une certaine parole qui entraîne des réactions de haine sur les réseaux sociaux.  »

PAR MARIE-CÉCILE ROYEN

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