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Anderlecht : le conflit syrien exporté ?

ATTENTAT L’auteur de l’attaque contre la mosquée d’Anderlecht aurait fait référence à la répression des sunnites en Syrie par les chiites. Explications

L’attentat d’Anderlecht lundi soir est-il une nouvelle illustration de l’exportation d’un conflit étranger en Belgique ? L’hypothèse devra être validée par l’enquête de police, mais elle semble plausible au regard des témoignages de fidèles de la mosquée Rida d’Anderlecht évoquant des références au conflit syrien dans les menaces proférées par le suspect de l’incendie criminel. Ce ne serait d’ailleurs pas une première : les tensions entre Israéliens et Palestiniens, bien sûr, entre Turcs et Kurdes ou entre Congolais et Rwandais ont à plusieurs reprises ces dernières années débordé dans les rues de Bruxelles ou d’autres grandes villes de Belgique. Il faut le déplorer. Mais à l’heure de la mondialisation, il n’y a pas de parade efficace pour s’en prémunir.

Ainsi, lors de l’attaque de lundi soir, l’agresseur aurait été sunnite et s’en serait pris au centre islamique Rida parce que ses membres sont de confession chiite. Les sunnites sont largement majoritaires dans la religion musulmane (85 à 90 %), les chiites ne représentant que 10 à 15 % de la communauté. Sunnites et chiites ont un socle commun de croyances. Mais ils divergent sur certains points, notamment la place réservée aux martyrs de l’islam. Ils vénèrent Ali, cousin et gendre du prophète Mahomet, et le considèrent comme le premier imam. A cette aune, ils rejettent les préceptes des premiers compagnons de Mahomet. Les sunnites se distinguent, eux, par un respect strict de la tradition du prophète.

Cette fracture se traduit encore aujourd’hui par des tensions régulières dans des pays qui abritent de fortes minorités chiites, le Pakistan, la Syrie… et dans des Etats où les chiites sont majoritaires, mais confrontés à une forte opposition sunnite, l’Irak, Bahreïn, le Liban. Ces confrontations latentes entretiennent la suspicion d’un activisme chiite entretenu par la République islamique d’Iran, pays à forte domination chiite (90 à 95 % de la population) selon un axe Iran-Syrie-Hezbollah libanais conçu pour faire pièce aux tentatives de domination sunnites. L’activisme chiite pro-iranien est aussi apparu ces dernières années au Maroc à large dominante sunnite, provoquant un raidissement de la monarchie.

Dans ce contexte, le conflit en Syrie attise encore un peu plus les tensions. Le pouvoir est aux mains de Bachar al-Assad, représentant de la communauté alaouite, une branche du chiisme, minoritaire dans le pays (quelque 15%). Et l’opposition est menée essentiellement par les sunnites, majoritaires. Mais la frontière entre les deux camps n’est pas aussi hermétique. Des sunnites soutiennent le régime. Des salafistes (extrémistes sunnites) venus de l’étranger participent au combat aux côtes des rebelles syriens avec des arrière-pensées confessionnelles pour réduire le rôle des alaouites. Et les minorités, chrétiennes notamment, sont divisées entre soutien au pouvoir et participation à la révolution.

Bref, l’identité salafiste sunnite de l’auteur de l’attentat d’Anderlecht est une hypothèse plausible, mais, dans les méandres des alliances syriennes, d’autres explications ne sont pas exclues.

Gérald Papy

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