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Anderlecht : « C’est dangereux de dépendre de la lubie d’un milliardaire »

Le Vif

Fervent partisan d’Anderlecht depuis toujours, seul supporter autorisé à manger de frites en tribune et surtout membre du conseil d’administration du club, le père du capitalisme belge Etienne Davignon défend la tradition anderlechtoise, au moment où le Sporting doit faire des choix important, notamment en ce qui concerne son stade.

Par Olivier Mouton

Le Vif/L’Express : Le Sporting a connu une évolution majeure avec le passage en société anonyme il y a quatre ans…

> Etienne Davignon : Une des qualités des dirigeants d’Anderlecht, c’est de ne jamais être en retard, ni pour cette professionnalisation, ni pour le stade, ni pour la formation des jeunes. Mais l’héritage de Constant Vanden Stock, c’est aussi une gestion saine sans laquelle il devient impossible de rester autonome. Nous ne sommes pas conservateurs mais nous ne sommes prêts à prendre des risques que si nous sommes capables de les couvrir nous-mêmes.

Si demain, des Qataris souhaitent investir dans le club, vous refuseriez au nom de cette culture ?

> La question ne se pose pas et c’est déjà assez difficile de répondre aux vraies questions. Si cela devient une hypothèse, on verra. On doit faire comme s’il n’y avait jamais de miracle. Ce n’est pas nous qui définissions les conditions du marché ou les salaires des joueurs, tout cela est défini par d’autres. Nous devons donc partir d’une situation où nous créons nous-mêmes nos ressources. C’est pour cela que l’on a commencé une politique de formation des jeunes. Cela faut plusieurs années que l’on sort de jeunes joueurs importants. Ce n’est pas gratuit : cela suppose de bonnes infrastructures à Neerpede, un encadrement de qualité avec de vrais entraîneurs. Nous sommes très handicapés par la stupidité dans laquelle on se trouve de ne pouvoir faire signer des contrats qu’à partir de 16 ans parce que les autres, en France ou en Angleterre, ont cette capacité-là. Il faut changer la loi. L’argument consistant à dire que l’on exploite les jeunes n’existe pas puisqu’ils ont le choix de le faire ailleurs.

Anderlecht reste à sa place en Belgique mais plus sur la scène européenne. Une telle entreprise reste-elle viable ?

Il faut avoir des ambitions raisonnables. Va-t-on gagner la Ligue des champions ? La réponse est non ! On ne s’organise pas pour cela parce que le risque pris serait beaucoup trop important par rapport aux chances de réussite. C’est très bien de jouer la Champion’s League, mais nous devons faire des budgets comme si on ne le jouait pas. Le sport reste un élément d’incertitude structurel parce qu’il dépend des joueurs, de leur évolution, de leur santé, de leur vie privée, de la pression… On a dépensé des fortunes à Manchester City, ça n’a pas empêché que l’année passée, ils se sont fait sortir de toutes les compétitions internationales.
Mais ils ont un propriétaire qui allongent l’argent sans limites…
C’est dangereux d’être dépendant de la lubie de quelqu’un. Il suffit qu’il vende le club du jour au lendemain et tout est fini…

Vous voulez éviter la spéculation ?

Exactement. Nous voulons éviter la subjectivité d’un homme qui pense uniquement à sa notoriété. Tous nos choix sont au moins à 80 % objectifs. Nous avons corrigé cette année notre masse salariale parce qu’elle excédait ce qui était possible. Nous sommes revenus à une situation gérable.
L’intégralité de l’interview et le dossier « Spécial Bruxelles » dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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