Alerte à la bombe au magasin Primark de Médiacité à Liège. © BELGA

Alertes à la bombe, arrestations abusives, la nervosité gagne les forces de l’ordre belges

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Suite aux attentats qui ont touché la France, les forces de l’ordre sont sur les dents. En attestent les dispositifs importants de sécurité déployés lors d’alertes à la bombe récurrentes. Un Syrien, qui prenait une église en photo a, de son côté, été auditionné pendant près de 24 heures par la police. Des exemples parmi d’autres qui font état de la nervosité qui plane sur l’Europe entière.

Amar, un syrien installé depuis 6 ans en Belgique a voulu photographier l’église de Laarne, située en Flandre orientale, avec son smartphone. Grand mal lui en prit. Quelques minutes plus tard, il était arrêté par la police et interrogé pendant 24 heures avant d’être relâché. Son téléphone et son ordinateur ont été fouillés. « Ils voulaient savoir si j’étais un jihadiste, mais je ne suis pas un terroriste« , explique Amar à la VRT. Le Syrien, se montre compréhensif quant à la vigilance de la police mais est d’avis que ce qui lui est arrivé est exagéré : « Ils ont débarqué à 12 policiers chez moi« . Le parquet de Termonde a confirmé par la suite que le suspect n’avait rien à se reprocher.

Ce cas parmi d’autres illustre le climat de tension des forces de l’ordre belges quelques jours après les actions anti-terrorisme menées à Verviers et à Bruxelles. Cette semaine, trois « suspects » ont aussi été interpelés à Harelbeke en Flandre occidentale. Ils attendaient un ami appelé pour audition dans une voiture en face du commissariat. Ils étaient en possession d’armes factices et d’un Coran, pris au départ pour des « écrits islamistes », rapporte De Redactie. Au final, ils se sont avérés ne pas être liés à la mouvance islamiste radicale, a annoncé le parquet de Courtrai et après audition les trois personnes ont été relâchées.

Alertes à la bombe à répétition

Ces derniers jours ont aussi été émaillés de fausses alertes à la bombe en divers endroits du pays. Dernières en date: ce mercredi après-midi, la police de Liège a dû évacuer le complexe commercial de Médiacité suite à une menace d’explosion au sein de magasin Primark. Les policiers ont procédé aux vérifications d’usage avant de lever l’alerte. Au même moment, à Bruxelles, une alerte au colis suspect était déclenchée à Etterbeek après la découverte d’une caisse en carton sur un appui de fenêtre d’une des casernes de la police fédérale, située boulevard Général Jacques. Elle a été levée vers 16h00, après que le Service d’Enlèvement et de Destruction d’Engins Explosifs (SEDEE) se soit rendu sur les lieux et détruit la caisse, qui s’est avérée vide. Le 20 janvier dernier, c’est le Palais de Justice de Bruxelles et le Conservatoire qui étaient évacués, à la suite d’une alerte à la bombe. Après inspection des forces de police, aucun colis suspect n’a été trouvé.

A 8 ans, arrêté pour « apologie du terrorisme »

En France, les autorités sont également à cran, et même vis-à-vis des enfants. A Nice, un petit garçon de 8 ans a ainsi été entendu par la police, car il aurait proféré des propos considérés comme « radicaux ». L’enfant a refusé d’observer une minute de silence et de participer à une ronde de solidarité dans son école primaire, au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, a indiqué le directeur départemental de la sécurité publique Marcel Authier. Selon son instituteur, il aurait aussi tenu des propos de « solidarité » avec les terroristes qui ont attaqué le journal satirique Charlie Hebdo. Suite à son comportement, le directeur de l’école a décidé de signaler ce qui s’est passé à la police », précise le commissaire Authier, en notant qu’il ne s’agit aucunement d’une plainte. L’enfant a été entendu pendant 30 minutes, puis a joué avec des jouets pendant l’audition de son père, tenu civilement responsable. « Visiblement, l’enfant ne comprend pas ce qu’il a dit. On ne sait pas où il est allé chercher ses propos », selon le directeur départemental de la sécurité publique. Le « Collectif contre l’islamophobie en France » a dénoncé la façon dont l’affaire a été menée. « 

On peut se demander si ces différentes actions, parfois excessives, menées par les forces de l’ordre ne nuiraient pas, au final, à la sécurité des citoyens, déjà embarqués dans une certaine hystérie collective en croisant dans la rue les militaires déployés suite aux menaces terroristes qui planent sur le pays. Car à force de crier au loup, leur vigilance pourrait en prendre un sacré coup…

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