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Aldino Soloperto : portrait d’un ancien mineur italien

Suite à l’inscription de quatre sites miniers wallons au Patrimoine mondial de l’UNESCO, nous avons rencontré Aldino Soloperto, un immigré italien qui a toujours travaillé à la mine. Il tente aujourd’hui d’empêcher que la tragédie du Bois du Cazier ne tombe dans l’oubli.

Le premier juillet à Saint Petersburg, quatre sites miniers belges ont été inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO : le Grand-Hornu (Mons), le Bois-du-Luc (La Louvière), le Bois du Cazier (Charleroi) et Blegny-Mine (Liège). Il s’agit de quatre lieux représentatifs de l’histoire belge et de l’exploitation du charbon dans le sud du pays. Actif du début du 19e siècle à la seconde moitié du 20e siècle, le bassin houiller wallon est d’ailleurs l’un des plus anciens et des plus emblématiques de la révolution industrielle sur le continent européen.

Ancien mineur italien, Aldino Soloperto n’a pas attendu cette reconnaissance de l’UNESCO pour souligner l’importance de la préservation de ces sites. Chez lui, à Mont-sur-Marchiennes,il a réalisé un musée à ciel ouvert consacré aux mineurs décédés dans la tragédie du Bois du Cazier en 1956.

C’est avec un grand sourire qu’Aldino, 85 ans, accueille les curieux qui s’arrêtent pour contempler sa collection : articles de presse, photos d’Italiens immigrés et lampes à pétrole sont disséminés partout dans le jardin. Au centre de la cour trône un chariot chargé de charbon et entouré de différentes colonnes rendant hommage à toutes les victimes de la mine.

Le temps s’arrête un instant et Aldino raconte son histoire avec nostalgie. Malgré sa silicose, une maladie pulmonaire qui touche les mineurs, Aldino reste énergique et joyeux. « Je suis arrivé ici en juin 1948 à l’âge de 20 ans. Je ne savais même pas que c’était pour travailler dans les mines », explique-t-il. Pourtant, il va aimer ce métier qui fait aujourd’hui sa fierté. « Je ne veux pas que la mémoire de ces hommes disparaisse avec le temps. Voilà pourquoi j’ai écrit un livre sur ma vie et j’ai transformé ma maison en mémorial ».

Les yeux tristes et le regard ailleurs, il ajoute : « Je suis arrivé ici parce que dans le sud de l’Italie, d’où je viens, il n’y avait rien. Au début j’habitais dans une très petite maison. Nous étions tous là comme des sardines. C’était dur. Mais la Belgique m’a donné un travail. Je lui en serai toujours reconnaissant. Grâce à la Belgique, je suis devenu un homme responsable ».

Alors qu’il allait être nommé conducteur de la mine, Aldino a été contraint de quitter Charleroi pour Liège. Une mutation qui signifiait un retour à la case départ dans la hiérarchie. Mais là aussi, ses compétences lui ont permis de monter rapidement en grade, jusqu’à la fin de sa carrière en 1971.

Mais la vie d’Aldino n’a pas seulement été marquée par le travail dans les mines. Avec un nouvel enthousiasme, il raconte aux visiteurs ses histoires d’amour et sa passion pour la danse. « J’étais le meilleur danseur de Charleroi », dit-il, les yeux brillants avec le regard d’un jeune homme, son visage cependant marqué par les traces d’une vie de dur labeur.

Anna Maria Volpe

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