Alain Mathot, un « fils de gauche » qui fait de l’ombre à Daerden

Le fils de feu Guy Mathot se profile comme le nouveau leader du PS liégeois. Son histoire politique est fortement marquée par une bagarre contre le « clan » Daerden. Portrait

Il y a peu, Willy Demeyer, bourgmestre de Liège et président de la fédération liégeoise du PS, le plaçait encore parmi les cinq valeurs montantes du socialisme principautaire. Mais depuis lors, Alain Mathot – puisque c’est de lui qu’il s’agit – monte en puissance, politiquement parlant. Il s’impose progressivement, et ce même si, dixit le président Willy Demeyer, « les rôles sont bien définis », comme le nouveau leader du PS liégeois, damant au passage le pion à son « ennemi juré » Michel Daerden. Il faut dire que les destins d’Alain Mathot et de Michel Daerden n’ont, au cours de l’histoire récente du PS principautaire, cessé d’être liés. Pour s’en rendre compte, il faut remonter quelque peu dans le temps…

Nous sommes il y a un peu plus de dix ans, au début de l’année 1999. Un an auparavant, Guy Mathot, le père d’Alain, vient d’être blanchi par la justice à la suite d’une inculpation pour corruption passive dans le cadre de l’affaire Agusta. C’est dans ce contexte et afin que « le nom Mathot soit encore représenté » qu’Alain, tombé dans la marmite politique dès son plus jeune âge, mais actif au sein de diverses sociétés privées, est amené à se présenter aux élections régionales à l’issue desquelles il récolte quelque 5 000 voix.

Conscient que son patronyme a joué à plein, mais ayant pris goût au « jeu politique », il décide de poursuivre l’aventure et de se présenter aux communales à Flémalle, commune où il réside à l’époque, et ce, en pleine guerre interne entre Marcel Cools et le maïeur sortant. Récoltant environ 600 voix dans un contexte plutôt hostile, Alain Mathot devient conseiller communal tandis que, contrairement à ce qui était prévu initialement, il ne « monte » pas à Namur en lieu et place du député Jean-Marie Léonard, lequel devait se retirer. Derrière cette volte-face subite, on retrouve déjà selon le fils Mathot « la volonté de Michel Daerden et de son clan de ne pas faire d’ombre à son fils Frédéric » qui fut élu député.

Alain Mathot surprend ses adversaires politiques


Dès lors, celui qui est pourtant volontiers décrit comme impétueux va, patiemment, attendre son heure. Ainsi, aux élections fédérales de 2003, il se présente à la troisième suppléance sur la liste liégeoise du PS, réalisant un score de quasi 15 000 voix dont, précise-t-il, « 6 000 rien qu’à Seraing ». Le regard de ses pairs et… de son père sur Alain Mathot, élu député fédéral, commence à évoluer et il se met à rêver d’un rôle exécutif au sein d’une commune où il est entre-temps revenu. Seraing qui, en 2005, va perdre son maïeur historique, Guy Mathot, décédé des suites d’une longue maladie.

Le champ était donc libre, si l’on peut dire, pour que son fils fasse un « carton » aux communales de 2006, à l’issue desquelles il totalise 8 500 voix. Aux rênes de Seraing, Alain Mathot surprend, de l’aveu même de ses adversaires politiques, et il monte aussi en grade au niveau de la fédération liégeoise où son « ami » Willy Demeyer a pris, non sans mal, la succession de son père. En 2007, un « deal » est trouvé entre le fils Mathot et Michel Daerden afin de « laisser » la tête de liste aux élections fédérales à ce dernier en échange de « compensations ».

A la dernière place effective sur une liste emmenée par son rival interne, Alain Mathot décuple encore son score électoral, confirmant sa montée en puissance. Et depuis un certain temps, le jeune député-bourgmestre de Seraing se pose en leader du PS liégeoise, revendiquant au passage la tête de liste aux prochaines élections. Après une période d’intense suspense où l’on se demandait si Michel Daerden n’allait pas revenir sur une parole donnée l’an dernier, ce dernier vient récemment d’affirmer qu’il laisserait le champ libre au fils Mathot. Même s’il se refuse à tout triomphalisme, Alain Mathot savoure cette « victoire », qu’il devra confirmer aux urnes en juin prochain, face à un Michel Daerden désormais clairement affaibli.

Bruno Boutsen

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