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Alain Destexhe : « J’essaie de faire évoluer la société »

De tous les députés francophones appartenant à un parti démocratique, il est sans doute le plus à droite. Dénonciateur farouche du « mal wallon », adepte des déclarations chocs sur l’immigration et l’islam, Alain Destexhe ne fait pas dans la dentelle. Et il l’assume, sans détour, dans l’interview qu’il accorde au Vif/L’Express cette semaine. Florilège.

On vous dit franc-tireur, électron libre, trublion. Vous vous sentez en marge du jeu politique ? Alain Destexhe : Je ne me reconnais pas dans ces termes. J’essaye de faire évoluer la société belge, de faire bouger le débat politique, c’est tout. La particratie, l’art de la négociation, tout ça, ce n’est pas trop mon truc. La politique belge fonctionne trop en circuit fermé. Ce qui me frappe, après dix-sept ans de vie parlementaire, c’est l’inertie de la Belgique, la lenteur des réformes. Chez nous, le débat ne bouge que si on lance un pavé dans la mare.

Vous vous sentez toujours à l’aise au MR ?

J’ai un tempérament indépendant, mais loyal. En Belgique francophone, le MR est la seule alternative aux trois partis de gauche. J’essaye aussi, modestement, de faire évoluer le MR. Quand je défendais l’interdiction des signes religieux à l’école, en 2004, j’étais minoritaire, même au sein de mon parti. Il a fallu six ans pour que ça devienne la position du MR. Sur la question du chômage, j’estime que toute allocation devrait entraîner une contrepartie de l’assisté social, sous forme de service civique, d’aide à une association ou d’un travail d’intérêt général. Ce n’est pas encore la position du parti… Je vous concède aussi que, selon moi, le MR manque d’une culture écologique.

Par le passé, vous refusiez d’être qualifié « de droite ». A présent, vous assumez l’adjectif ?

En vieillissant, oui. Le clivage gauche-droite me semble quand même pertinent. Notamment en ce qui concerne le poids de l’Etat dans la société et dans l’économie. Une deuxième grande différence est en train d’émerger : la question du multiculturalisme. Presque partout en Europe, la gauche a renoncé à son combat historique pour la laïcité. A force de considérer les immigrés comme les nouveaux damnés de la terre, elle a perdu de vue le vivre ensemble. Avec comme conséquence un abandon des valeurs de la société d’accueil, notamment l’égalité hommes-femmes.

Entretien : François Brabant

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