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Affaire Galant : la ministre a « été imprudente, mais a agi de bonne foi » (Charles Michel)

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Une question générale était posée ce jeudi à la Chambre par différents députés francophones : le Premier Ministre Charles Michel a-t-il encore confiance en sa ministre de la Mobilité Jacqueline Galant ?

La ministre de la Mobilité et des Transports Jacqueline Galant « a agi de bonne foi » mais « oui, je pense qu’elle a été imprudente », a indiqué jeudi à la Chambre le Premier ministre Charles Michel au sujet de l’attribution d’une onéreuse mission de consultance attribuée au cabinet d’avocat Clifford-Chance ?

Il eut été « préférable de procéder à la consultation de plusieurs cabinets d’avocats » avant l’attribution de cette mission, a admis M. Michel qui a toutefois replacé la décision du cabinet ministériel dans le contexte de son installation récente quelques jours après la mise en place du gouvernement et d’un cadre législatif en perpétuelle évolution.

M. Michel s’est entretenu du dossier avec Mme Galant. Le Premier ministre a pris jeudi à la Chambre un certain nombre d’engagements pour l’avenir, promettant la transparence au parlement, la transposition rapide d’une nouvelle directive européenne sur les marchés publics, la rédaction par la chancellerie d’instructions apportant la clarté sur l’attribution des marchés publics et l’envoi de ces recommandations au parlement.

Cette mise au point du chef du gouvernement n’a pas calmé l’opposition, selon qui la ministre Galant a agi dans l' »illégalité » et a « menti » au parlement. En commission, la ministre – absente jeudi, aucune question parlementaire ne lui étant destinée – avait indiqué avoir agi conformément à la procédure proposée par son administration. Or, la correspondance échangée entre son cabinet et l’administration démontre que celui-ci a dicté son « souhait » de conclure avec Clifford Chance.

L’administration avait évoqué la possibilité juridique d’éviter une procédure négociée avec publicité en vue de collaborer avec le cabinet d’avocats dans le cadre de litiges sur les aides d’Etat. Mais la collaboration avec Clifford Chance a évolué vers une mission de consultance sur la gestion de l’aéroport. A cet égard, l’administration avait rappelé la procédure passant par la publicité de l’offre auprès de plusieurs bureaux d’avocats et l’aval de l’inspection des Finances.

« Ce n’est pas de l’imprudence, c’est de l’illégalité », a insisté Karine Lalieux (PS), invitant le Premier ministre à diligenter dans les sept jours une enquête de l’Inspection des Finances. Selon elle, Charles Michel a « noyé le poisson ». « Ce qu’elle a fait est illégal, vous couvrez une hors-la-loi, c’est indécent », a renchéri Benoit Hellings (Ecolo-Groen). « En la couvrant, vous minez la crédibilité, déjà pas très grande, de votre gouvernement », a estimé Marco Van Hees (PTB).

« Les adultes ne montrent pas le bon exemple aux enfants qui nous rendent visite », a observé Véronique Caprasse (FDF) alors qu’une délégation d’écoliers avait pris place dans la tribune du public. Pour Vanessa Matz (cdH), la ministre a encore « menti » en promettant toute la transparence mais en omettant de communiquer mercredi aux parlementaires un courriel suggérant que son cabinet appelait l’administration à formaliser la collaboration avec Clifford.

Face à ce qu’il a qualifié de « polémique », le chef de groupe MR Denis Ducarme a dénoncé le « culot » de l’opposition, estimant que certains se comportaient plus en « juges » qu’en « parlementaires ». Or « reconnaître une imprudence, c’est reconnaître une erreur », évoquant en conclusion « la marque de ceux qui reconnaissent leurs erreurs pour mieux avancer droit ».

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