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Accusé de frilosité, Reynders défend les efforts diplomatiques déployés en Syrie

Le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders a défendu jeudi à la Chambre les efforts déployés par la diplomatie belge et européenne en Syrie en réponse à une violente charge du député d’opposition Georges Dallemagne (cdH).

Ce dernier a reproché la faiblesse de la réponse de la communauté internationale à la résurgence du conflit syrien et singulièrement face aux bombardements de civils perpétrés dans la Ghouta orientale par les forces du régime de Bachar el Assad et celles de son allié russe Vladimir Poutine, et à l’attaque des Kurdes dans l’enclave d’Afrin à la faveur d’une incursion turque.

« Il y a des massacres, une boucherie qu’il convient d’appeler terrorisme, du chef de Bachar et de Poutine, qui touche les civils, les écoles, les hôpitaux et pendant ce temps-là nous nous contentons de nous dire ‘préoccupés’ dans un communiqué. La Turquie viole le droit international, vous appelez à la ‘retenue’. Quand allons-nous arrêter de laisser faire la Russie – soit-disant notre nouveau partenaire à en croire le Premier ministre Charles Michel qui a appelé à cesser d’ostraciser Vladimir Poutine? », s’est emporté Georges Dallemagne qui a regretté le « sourire » du ministre Reynders pendant son intervention.

Le ministre des Affaires étrangères a peu goûté à cette attaque. « Si je souris, c’est que je trouve qu’il est fatigant qu’il n’y ait pas plus de soutien au parlement, quand des gens meurent en Syrie, après les efforts diplomatiques déployés durant ces 15 derniers jours par le gouvernement belge et moi-même, à Moscou, à Sofia, à New York, à Bruxelles ».

M. Reynders a résumé l’intervention de la Belgique et de la communauté internationale face aux « barbaries » qui se déroulent en Syrie, en trois temps. Il s’agit de tenter de trouver sur le terrain des preuves de crime de guerre grâce au mécanisme international que la Belgique contribue à financer, de travailler à une résolution du conseil de sécurité de l’ONU pour tenter d’arriver à un cessez-le-feu et à une aide humanitaire et d’aboutir à une solution politique de partage du pouvoir.

M. Reynders a vu à Bruxelles un représentant de l’opposition syrienne et l’envoyé spécial de l’ONU. A Moscou, il a rencontré son homologue Sergueï Lavrov, « avec une démarche très claire d’arrêt des bombardements, de cessez-le-feu et d’accès humanitaire ». Ces demandes ont été réitérées à Sofia lors du conseil informel des Affaires étrangères (« Gymnich ») où M. Reynders a eu l’occasion « d’interpeller » son collègue turc chargé des Affaires européennes « pour lui dire que la situation était inacceptable ».

Le chef de la diplomatie belge était mercredi de retour de New York où il a rencontré la représentante américaine ainsi que les représentants des pays membres permanents du conseil de sécurité des Nations Unies. « Il y a un blocage, nous faisons tout pour tenter de le lever », a-t-il dit, soulignant notamment que son collègue français Jean-Yves Le Drian ira à Téhéran.

Enfin, « il n’y aura de solution, après un cessez-le-feu et un accès humanitaire, qu’à travers une démarche politique de partage du pouvoir », a-t-il conclu en renvoyant aux pourparlers de Genève. « Le gouvernement belge et moi-même ne ménageons pas nos peines depuis 15 jours », a-t-il insisté avec les encouragements de la majorité, en particulier du MR et du député Richard Miller.

« Je serais gêné de vos applaudissements. Ce qui est inacceptable, ce sont les bombardements, c’est l’envahissement de la Syrie par la Turquie. Et notre ministre ne convoque même pas l’ambassadeur de Turquie ou l’ambassadeur de Russie, ne met pas à la porte le chargé d’affaires syrien. Poutine avec qui le gouvernement belge veut être partenaire est aujourd’hui l’homme le plus dangereux du monde, il déstabilise le Moyen Orient, l’Europe et les Etats-Unis », a répliqué Georges Dallemagne qui ne s’est pas laissé démonter.

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