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Accord gouvernemental : « rien n’est gagné »

L’ensemble de la presse belge consacre ce matin ses Unes et ses éditoriaux à l’accord budgétaire. Selon les éditorialistes francophones, rien n’est encore gagné pour autant. Du côté flamand, si les médias ne critiquent pas ouvertement l’accord, il n’est cependant nulle part question d’euphorie.

Le budget comporte encore tellement de zones d’ombres et d’incertitudes qu’il est bien difficile, en toute objectivité, de crier au désastre ou à la victoire, remarque ainsi Francis Van de Woestyne dans La Libre Belgique. « Les décisions vont dans le bon sens. Reste à voir si les réformes seront suffisantes », ce qui n’est pas sûr, analyse-t-il encore, précisant que le mal est fait et que les marchés ont perdu confiance. Il encourage dès lors le gouvernement, même « bancal », à rapidement se constituer pour affronter les dangers qui menacent le pays. La Libre Belgique titre par ailleurs sa Une : « En route pour le 16 ». « Un budget de nécessité, pas un projet de société », lance pour sa part Le Soir sur sa Une.

Dans son édito pour le journal, Béatrice Delvaux parle, quant à elle, de « mission accomplie ». « L’indispensable a été fait. Trop tard, sans gloire, dans une incroyable atmosphère de sauve-qui-peut, mais les négociateurs ont accouché de quoi satisfaire dans l’immédiat aux exigences de l’Europe. Et montré qu’après 531 jours, notre pays allait être gouverné », souligne-t-elle, estimant cette condition nécessaire mais sans doute pas suffisante.

Les journaux du groupe Vers L’avenir consacrent également leurs Unes aux derniers événements politiques et titrent « Appel à la mobilisation générale », soulignant qu’Elio Di Rupo a appelé l’ensemble des Belges à participer à l’effort.

Philippe Martin estime, quant à lui, dans les journaux du groupe, que le plus dur est à venir. Selon l’éditorialiste, il n’est pas certain que l’exercice budgétaire, qui atteint l’objectif fixé des 11,3 milliards d’économie, va permettre de redresser les finances publiques tout en préservant le dynamisme de l’économie belge, dans un environnement international de plus en plus vacillant. « Rien n’est donc gagné et nous nous garderons bien de prédire que le plus dur est derrière nous, comme le proclamaient certains négociateurs dans l’euphorie d’hier », écrit-il encore.

Dans son édito pour le groupe Sud Presse, Demetrio Scagliola considère que l’accord est intervenu quand il était déjà presque trop tard, après l’annonce de la dégradation de la note de la Belgique. « Les six n’avaient pas d’autre choix que de s’accorder, au risque de plonger le pays dans une crise financière à la grecque », explique-t-il. Et d’ajouter que le prochain gouvernement va naître dans un climat de tension extrême à tous niveaux (politique, financier, communautaire, …) et qu’il sera donc fragile.

Dans la Dernière Heure, Christian Carpentier note que le budget 2012 fait entrer la Belgique en période d’austérité. « Cette addition, socialement lourde, est un mal nécessaire si on veut maintenir le pays à flots », déclare ainsi l’éditorialiste qui véhicule ainsi le même message que la Une du journal. Christian Carpentier insiste par ailleurs sur le fait qu’un effort au moins équivalent devra encore être fait d’ici 2014 si le pays veut espérer rester à l’abri de sanctions européennes ou d’une envolée de sa dette.

En Flandre

Du côté flamand, si les médias ne critiquent pas ouvertement l’accord, il n’est cependant nulle part question d’euphorie.

Het Laatste Nieuws titre ainsi « Finalement atteint » alors que Het Belang van Limburg opte pour « Et maintenant un gouvernement ». De Morgen se veut, quant à lui, optimiste avec « Un gouvernement en quelques jours », un message à l’opposé de celui du journal Het Nieuwsblad qui parle d' »Un chemin encore long à parcourir ». La Gazet van Antwerpen écrit, pour sa part, « Di Rupo heureux de l’accord mais les syndicats furieux » et De Standaard « Les marchés testent Di Rupo ».

Dans son édito pour De Standaard, Bart Brinckman souligne que l’accord sur le budget ne restera qu’un morceau de papier « s’il n’est pas suivi d’un gouvernement efficace qui permettra au budget de maintenir son cap les années à venir et qui créera un climat économique qui encouragera les gens à continuer à travailler aussi longtemps que possible ».

Pour Martin Buxant, rédacteur politique au journal De Morgen, la victoire d’Elio Di Rupo est indiscutable: « L’indexation est maintenue(…) Il n’y aura aucune augmentation de l’âge de la retraite. Seuls les ajustements des retraites anticipées et des prépensions peuvent être douloureux pour le parti socialiste ». « Aucun parti de gauche en Europe n’aurait pu obtenir autant en ces temps de crise », soutient-il encore.

Luc Van Der Kelen parle quant à lui, dans les colonnes de Het Laatste Nieuws, d’un accord qui n’émane pas d’une libre volonté des négociateurs mais bien du fait que les marchés financiers et l’Europe ont mis le couteau sous la gorge de la Belgique.

De son côté, De Tijd parle d’un accord « défendable » mais estime que ses effets seront ressentis par tous. Cet accord « constitue une avancée dans un pays compliqué où la situation est difficile », indique encore le journal.

Het Belang van Limburg juge également l’accord « défendable » et se demande si Elio Di Rupo et les six partis seront assez forts pour exécuter cet accord ainsi que l’accord communautaire conclu précédemment.

Liesbeth Van Impe s’interroge elle aussi sur ce qu’il adviendra à l’avenir. Selon elle, l’accord est arrivé trop tard, après la dégradation de la note de la Belgique et la hausse spectaculaire des taux d’intérêt.

Paul Geudens, éditorialiste pour la Gazet van Antwerpen, constate que l’accord a du bon, mais il n’y a pas suffisamment d’économies au niveau du budget.

Le Vif.be, avec Belga

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