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Abus sexuels : Mgr Léonard propose un fonds commun de solidarité

L’archevêque de Malines-Bruxelles André Léonard a proposé mercredi la création d’un fonds de solidarité associant sur base volontaire les églises, milieux thérapeutiques, médicaux, sportifs, etc, pour indemniser les victimes d’abus sexuels impliquées dans une relation d’autorité, et qui n’auraient pas été indemnisées par voie judiciaire.

Les députés de la commission spéciale « abus sexuels » attendaient depuis plusieurs semaines une proposition de l’Eglise concernant les victimes d’abus sexuels de prêtres non indemnisées en raison du décès de l’abuseur ou de la prescription des faits.

Le fonds proposé, a expliqué André Léonard, concernerait les victimes de « situations dont les institutions ne sont pas directement responsables », de la même manière que l’Eglise intervient déjà pour des victimes de catastrophes naturelles ou pour les pauvres.

Mgr Léonard s’est interrogé sur l’opportunité d’une prise en charge, par une institution, des conséquences financières de faits commis par des personnes, ainsi que sur une forme de solidarité qui irait au-delà du droit, au nom des valeurs morales de l’Eglise.

« Mais l’Eglise catholique reconnaît sa spécialisation dans la générosité, même si elle n’a pas le monopole des valeurs », a-t-il relevé.

Concernant le fonds de solidarité, il reviendrait au législateur d’en définir les modalités afin qu’il soit tenable sur le long terme pour tous ses intervenants et conforme au bien commun, a mis en garde André Léonard.

Il faudrait aussi à ses yeux éviter des dérives qui permettraient, par exemple, que des personnes nées par fécondation artificielle réclament d’être indemnisées parce qu’une étude serait venue prouver un risque génétique accru pour elles. Il a aussi cité comme exemple des enfants « nés avec deux papas ou deux mamans » pour qui une étude viendrait prouver certaines conséquences psychologiques.

Cette proposition et la manière de la présenter ont soulevé de nombreuses protestations des députés. Karine Lalieux (PS) a notamment rappelé que la séparation des pouvoirs empêchait le législateur d’imposer sa volonté à l’Eglise. Christian Brotcorne (cdH) a dit espérer plutôt une initiative spécifique à l’Eglise, « sans attendre que les autres montent dans un bateau collectif ». Olivier Deleuze (Ecolo) a vu une forme de « désintérêt de l’Eglise » voire une « ironie mal placée » de l’archevêque dans la présentation de sa proposition.

Pour Stefaan Van Hecke (Groen!), l’Eglise se sent « obligée de faire quelque chose, mais plutôt contre son gré ». Il s’est dit choqué par la comparaison entre une victime d’un acte délibéré comme un abus sexuel et une victime d’une catastrophe naturelle. « J’ai fait cette comparaison pour relever des situations dans lesquelles l’institution n’est pas directement concernée », a répondu l’archevêque.

Marie-Christine Marghem (MR) a proposé plutôt la désignation d’un expert indépendant qui fixerait le dommage, sur base des tables de la législation en la matière.

Mais si, au-delà de l’abuseur « qui doit être le premier à payer », on s’adresse à l’institution, alors il faut que l’Eglise ne soit pas traitée différemment des autres institutions, et dans ce cas veiller à ce que le système soit tenable pour toutes ces institutions, a répondu André Léonard, avant que la présidente de la commission ne soit contrainte de lever la séance par manque de temps.

Le Vif.be, avec Belga

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