Olivier Rogeau

Abdication d’Albert II : quand l’info tourne en rond

Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Sans disposer d’éléments très consistants, certains médias n’en finissent pas de gloser sur une éventuelle abdication imminente d’Albert II. Entre rumeurs et vagues indices, la lassitude guette.

Much ado about nothing (Beaucoup de bruit pour rien), pour reprendre le titre d’une comédie de Shakespeare. Ou pour pas grand-chose. Sans disposer d’éléments très consistants et très nouveaux, certains médias reviennent, à longueur de colonnes et depuis plusieurs semaines, sur la supposée abdication imminente du roi Albert II. Ou comment, malgré les démentis, des rumeurs deviennent des indices, voire des preuves.

A ce stade, où en est-on concrètement ? Plusieurs sources assurent que le scénario d’un retrait a fait l’objet d’un échange de vues entre le Palais et le Premier ministre. Mais aucun des vice-Premiers ne confirme qu’Elio Di Rupo leur aurait envoyé un SMS pour les informer que le souverain souhaitait partir et qu’il fallait s’y préparer.

Que le chef de l’Etat soit fatigué et qu’il envisage un départ anticipé du trône, c’est une certitude : Albert II aura 79 ans le 6 juin prochain, il fêtera cet été ses vingt ans de règne et sa charge lui pèse de plus en plus. Qu’il ait été impressionné par le départ du pape Benoît XVI et par l’abdication de la reine Beatrix, c’est un fait relevé par plusieurs témoignages. Que des diplomates, dont Ghislain D’Hoop, responsable des Relations extérieures, s’apprêtent à quitter le Palais, c’est confirmé, mais il s’agit d’un mouvement diplomatique conforme aux habitudes. Que le souverain ait parlé d’un éventuel retrait avec des proches, voire avec le Premier ministre, quoi de plus normal. En revanche, le Premier ministre a assuré, le 29 avril au Parlement, que l’abdication du roi et l’arrivée sur le trône du prince Philippe n’avaient encore « jamais été discutées au sein du gouvernement fédéral ».

Si, à terme, abdication il y a, le choix du moment est crucial. Et politiquement très délicat. Au nom de la stabilité du pays, le monde politique, surtout francophone, ne tient pas à ce qu’Albert II s’en aille avant la formation du prochain gouvernement, issu des élections de mai 2014. Et on imagine mal le roi quitter le navire à la veille d’une période de hautes turbulences. Mais y a-t-il vraiment un moment idéal ?

Olivier Rogeau

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