Olivier Mouton

Abdeslam : Et pendant ce temps le gouvernement caquette

Olivier Mouton Journaliste

Ça fait désordre: le ministre de la Justice Koen Geens est corrigé par le parquet au sujet d’une information sensible : oui ou non, a-t-on manqué de peu l’arrestation de Salah Abdeslam, un des suspects des attentats de Paris?

Mais quelle mouche a donc piqué Koen Geens, notre ministre de la Justice? Alors que la Belgique a déjà été lourdement montrée du doigt pour sa responsabilité dans la préparation des attentats de Paris, voilà que le pourtant sobre responsable démocrate-chrétien lance une information qui fait l’effet d’une bombe lors d’une émission, Faroek, diffusée ce soir sur VTM.

Or donc, selon lui, on aurait été en mesure d’arrêter Salah Abdeslam dans la nuit du 15 au 16 novembre dernier si la législation belge n’avait pas interdit les perquisitions nocturnes. Salah, présenté comme le responsable logistique des attentats parisiens et frère de l’un des kamikazes, avait été localisé par nos services de renseignement à Molenbeek. Mais il aurait eu tout le temps de prendre la poudre d’escampette avant l’intervention des forces de l’ordre, le lendemain.

Une information en soi stupéfiante qui, au vu des réactions sur les réseaux sociaux, poserait à tout le moins la question de la responsabilité du ministre de l’Intérieur, Jan Jambon. In tempore non suspecto, des experts que nous avions interrogés pointaient du doigt le fait que d’éventuels dysfonctionnements pourraient se transformer en affaire politique s’il s’avérait qu’un suspect aurait pu être arrêté…

Mais tout n’est apparemment pas si simple. Le parquet s’est empressé de corriger l’information. Ou, à tout le moins, de la nuancer: « Nous avions une information indiquant que Salah pouvait ou avait pu se trouver dans l’habitation en question. Une perquisition a donc été effectuée et n’a rien livré. Affirmer qu’on n’a pas pu l’arrêter parce que nous ne pouvions pas effectuer de perquisitions entre 21h00 et 05h00 et qu’il s’est échappé durant cette tranche horaire, est une extrapolation. » Un rectificatif qui est un fameux camouflet à l’égard du ministre dont on est en droit de se demander s’il n’a pas fait cette sortie pour justifier la politique gouvernementale qui entend autoriser à l’avenir les perquisitions 24h/24 en cas d’infractions terroristes.

Voilà à nouveau l’image de la Belgique écornée: les sites d’informations français ont déjà repris ce couac. « Pourquoi ce suspect, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, n’a-t-il pas été arrêté? », s’interroge Le Parisien. Avant de répondre: « L’explication réside dans une faille du code pénal belge… » Cela fait tache.

Ce couac de communication témoigne une nouvelle fois de la difficulté pour la suédoise à faire face à cette situation de tension inédite. Dans un long entretien au Soir, le week-end dernier, le Premier ministre, Charles Michel, insistait sur la nécessité de mettre en place à l’avenir une unité de commandement pour éviter la cacophonie dans la gestion de la menace comme cela put être le cas lors du « Brussels Lockdown ». Certes. Mais avant cela, peut-être faudra-t-il veiller à resserrer les boulons au sein même du commandement principal.

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