Groupe du vendredi

Abattre les murs de la ségrégation linguistique dans les écoles bruxelloises

Groupe du vendredi Forum composé de jeunes provenant de divers horizons qui prennent du temps pour la réflexion et le débat

En novembre 2014, l’Europe a célébré le 25ème anniversaire de la chute du mur de Berlin. L’existence de ce mur séparant arbitrairement des êtres humains nous semble aujourd’hui ridicule et surtout difficilement imaginable dans un pays comme la Belgique. Comme l’écrivait, Marcello Di Cintio : « En diminuant les perspectives de dialogue, les murs dans une société créent deux côtés et exigent que vous en choisissiez un« .

Pourtant, aujourd’hui, un mur de plus de deux kilomètres existe en plein Bruxelles. Il divise les cours de récréation, les réfectoires et les couloirs de plus de 90 écoles bruxelloises. Il peut se matérialiser par des barrières ou des lignes rouges dans un même bâtiment scolaire créant une barrière physique arbitraire entre une partie réservée aux enfants de l’enseignement francophone et une partie réservée aux élèves de l’enseignement néerlandophone.

Cette situation est la conséquence de la communautarisation de l’enseignement à partir des années 1960 qui a scindé les institutions d’enseignement en région bruxelloise selon leur appartenance linguistique en entrainant la création de séparations physiques dans de nombreux établissements dont l’infrastructure était précédemment commune. Peu de protestations ont été émises à l’époque, tant cette séparation répondait à la logique communautaire ambiante, y compris pour les élèves et étudiants d’alors. Une vision romantique imaginant des élèves et des écoles unies séparés à corps et à cri serait totalement erronée.

Cependant, aujourd’hui, la situation a changé. A l’heure où Bruxelles veut renforcer son positionnement comme carrefour central d’une Europe multiculturelle, il apparait crucial de repenser ce modèle d’éducation, basé sur une différenciation linguistique parfois brutale, tant il répond à la logique de sociologies du passé et non des défis actuels de la capitale. La division des élèves selon leur appartenance à un système d’enseignement ou à un autre appartient au passé. L’école à Bruxelles doit être réinventée pour refléter dans son essence le bilinguisme, et au-delà le multilinguisme, de la région.

A cet égard, le cas de plusieurs autres régions en Europe démontre qu’il est possible de définir un système d’enseignement bilingue dans une région bilingue. Un système d’enseignement où la diversité linguistique ne sert pas de critère pour établir un clivage entre les enfants mais constitue une richesse et un socle commun pour permettre aux enfants quelle que soit leur origine communautaire d’atteindre un multilinguisme effectif et ainsi d’améliorer le vivre ensemble.

En quelque sorte Berlin, par la chute du mur instiguée par sa population, a été le symbole de l’avènement d’un monde nouveau, démontrant que la séparation par les armes et le béton ne pouvait triompher de l’aspiration d’une population. Chacun sait à quel point Bruxelles est au coeur des transformations de notre monde actuel, en Europe et au-delà. L’éducation est l’une des clefs séparant une réussite inspirante d’un échec dramatique. L’Histoire juge durement les erreurs collectives. Ne nous y trompons pas.

Par le Groupe du Vendredi

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