8 avril 1945 : Léopold III ? « Plutôt minable » pour Churchill

Le Vif

Les lendemains de guerre sont rudes ! En Belgique, c’est la Question royale qui déchaîne les passions. Léopold III se trouve en exil. Peut-il retrouver le trône ? Les avis sont partagés. Mais le débat n’est pas que national.

La question intéresse aussi l’étranger. Et notamment la Grande-Bretagne. En l’occurrence, la position des Anglais est très claire : Léopold doit disparaître. Dans un document daté du 8 avril 1945, le Premier ministre Winston Churchill se fait explicite. S’adressant à son collègue des Affaires étrangères Anthony Eden, il indique : « Je ne vois pas ce qu’il y a à reprocher au roi sinon d’être plutôt minable et d’être ainsi un parfait représentant du peuple belge qui a vainement espéré se tenir en dehors de cette guerre. »

En fait, l’attitude des Anglais est logique. Durant la guerre, Léopold symbolise l’ambiguë recherche de compromis, tandis que les Britanniques représentent l’opposition la plus farouche aux nazis. Au printemps 1945, la découverte des camps de concentration rend des retrouvailles encore moins envisageables. Dans les coulisses, les autorités britanniques s’agitent d’ailleurs activement pour empêcher un éventuel retour du roi des Belges…

Léopold, pour sa part, est bien conscient du poids des Anglais. En mai 1945, il rédige un mémorandum qu’il donne à sa mère, la reine Elisabeth, avec mission de le remettre à Churchill. « Je suis persuadé que les liens qui ont toujours uni nos deux royaumes restent aussi étroits et confiants que par le passé », écrit-il. Damned ! « Trop occupé », Churchill ne peut recevoir Elisabeth. Le roi s’adresse aussi à Anthony Eden. « Les bruits qui ont couru sur mes aspiration au pouvoir personnel sont dénués de tout fondement », lui indique-t-il. Ces démarches demeureront sans effet.

Trop controversé en Belgique, trop contesté à l’étranger, Léopold finira par abdiquer au profit de son fils. Durant plusieurs années, les relations demeureront tendues entre la dynastie belge et les plus hautes autorités britanniques.

Vincent Delcorps

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