Un avènement qui a eu pour cadre le célèbre paquebot Flagey, à Bruxelles. © BELGAIMAGE

31 octobre 1953 : les doux débuts de la télé belge

Il est 20 h 30 et tout commence. Ce samedi soir, Andrée Rolin débarque sur les écrans. Opérant depuis le studio 5 de la place Flagey, à Bruxelles, elle est le premier visage – et la première voix – de la télévision belge francophone.

 » Nous avons le trac et nous abordons notre nouveau métier avec autant de modestie, croyez-le bien, que d’enthousiasme… « , lance-t-elle. Après quelques instants, on quitte déjà la Belgique : place au journal de la Radiodiffusion-télévision française. Avant de revenir à Bruxelles : durant deux heures, la speakerine présente  » Boum « , un grand cabaret organisé à Flagey. Cette première soirée est un événement unique. Et pourtant, sur le coup, il passe largement inaperçu. Ce qui s’explique de deux manières. D’une part, les émetteurs de l’INR, qui se trouvent place Poelaert, ont une zone de diffusion limitée à une aire de quarante kilomètres. En clair : en dehors de Bruxelles et de sa très large périphérie, il est impossible de regarder les programmes. D’autre part, en Belgique, les postes sont encore peu nombreux. Au total, environ 6 500 foyers ont une télévision. De plus, ceux-ci se concentrent essentiellement dans les zones frontalières, d’où il est possible de capter les émissions étrangères, mais pas de regarder les programmes proposés par Bruxelles. C’est dire si Andrée Rolin ne devient pas une star du jour au lendemain…

Dans un premier temps, ce n’est que deux ou trois fois par semaine que l’INR diffuse des productions propres. Culture et divertissement sont ses premiers créneaux. Très vite, l’info s’impose aussi. A partir de novembre 1953, les Carnets de l’actualité donnent chaque semaine un condensé des informations nationales. L’émission devient quotidienne en octobre 1954. Au même moment, les premières retransmissions sportives apparaissent également.

Il n’empêche, la Belgique n’est pas en avance, elle est même franchement en retard. Par rapport aux Etats-Unis, à la France ou même aux Pays-Bas, la pénétration de la télévision dans les maisons belges demeure faible. Et la pauvreté de la production nationale détonne. C’est essentiellement via les célèbres  » relais de Paris  » que les francophones s’informent. La Belgique possède une faiblesse majeure : elle ne dispose pas d’une mais de deux chaînes – une francophone et une néerlandophone. Ce qui réduit d’autant les moyens de chacune.

Mais les temps changent (enfin). En 1956, lors de la crise de Suez, la nécessité d’une info nationale se fait ressentir. Peu après, la catastrophe du Bois du Cazier met les journalistes sur les charbons ardents. En 1958, l’Expo universelle booste la production de l’INR. En 1959, c’est le mariage de Paola et Albert qui incite les Belges à se ruer sur les téléviseurs. Alors qu’on dénombre 700 000 postes dans le royaume, un premier âge d’or s’annonce. Le premier JT 100 % belge, Le Jardin extraordinaire, le Week-end sportif et les soirées électorales font leur apparition dans les années 1960. Enfin, la télé était sur les rails.

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