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300.000 caméras de surveillance en Belgique

Les caméras de surveillance sont toujours plus nombreuses à épier nos faits et gestes. En Flandre, la moitié des communes dispose de caméras.

On dénombre en Belgique 19 002 déclarations de caméras de surveillance, selon les derniers chiffres de la Commission de la protection de la vie privée (CPVP). La déclaration, obligatoire depuis la « loi caméra » de 2007, doit être adressée au chef de corps de la police concernée ainsi qu’à la CPVP. Elle mentionne le site où des caméras sont installées : lieu ouvert (rue, parc…), lieu fermé accessible au public (banque, administration, magasin…), ou lieu fermé non accessible au public (immeuble, usine…). « Le nombre exact de caméras par site nous est inconnu, ainsi que, bien évidemment, le nombre de caméras non déclarées », précise Eva Wiertz, porte-parole de la CPVP. En tout, il y aurait près de 300 000 caméras sur tout le territoire. Un chiffre impressionnant, « mais on est très loin de la situation anglaise où l’on compte plus de 4 millions de caméras, et sans beaucoup d’encadrement », nuance Stefan Verschuere, vice-président de la CPVP.

En Flandre, la moitié des communes a fait installer des caméras de surveillance, et ce chiffre monte à 70 % à la côte, d’après une enquête récente de la VVSG, l’équivalent de l’Union des villes et communes de Wallonie (UVCW). Toutes les grandes villes utilisent des caméras dans les rues et sur les places, ou annoncent qu’elles vont le faire, contre seulement 10 % des communes rurales (tandis que 9 % des communes flamandes refusent d’en installer). Cinquante-huit pour cent de ces communes ont placé leurs caméras dans des lieux fermés. Objectif : lutter contre les vols dans les bâtiments publics (25 %), les centres sportifs (20 %), les parkings vélos (14 %) ou les maisons de jeunes (10 %). Les caméras intelligentes sont en train de s’imposer dans une commune sur quatre. A Beringen, elles permettent déjà d’enregistrer les numéros de plaques des voitures entrantes et sortantes : une sorte de « fortification virtuelle » pour lutter contre les vols, notamment.

Où mettre la limite ?

Mais gare aux abus ! L’an dernier, la Commission a ainsi reçu 429 plaintes et signalements (pour des caméras mal placées, par exemple). « La loi de 2007 fixe des critères très précis, rappelle Stefan Verschuere. Avant 2007, on n’avait connaissance que de 700 déclarations. Aujourd’hui, l’installation de caméras dans un lieu ouvert est soumise au contrôle du conseil communal. » Mais où mettre la limite ? A Oud-Turnhout, des habitants d’un quartier chic veulent financer une caméra de surveillance policière. « Un projet dérangeant », juge l’UVCW. Mais juridiquement défendable : la loi caméra autorise des particuliers à installer, avec accord de leur commune et police, des caméras orientées vers des espaces publics. Au-delà de l’interférence avec les services de police (ces caméras permettront d’enregistrer les immatriculations) se pose la question de l’égalité des citoyens. Même si ces quartiers attirent davantage les cambrioleurs, « les autorités ont pour mission d’assurer le maintien de l’ordre public sur tout le territoire », relève l’UVCW, et pas seulement pour ceux qui en ont les moyens.

« On est passé du syndrome Nimby (Not in my backyard) au syndrome Pimby (Please in my backyard) : un nombre croissant de citoyens sont prêts à payer pour installer des caméras de surveillance », conclut Tom De Schepper, auteur de l’enquête flamande. L’UVCW rappelle toutefois que l’installation de ces appareils doit répondre à un principe de proportionnalité et qu’il existe des techniques moins intrusives comme la techno-prévention ou les réseaux de quartier.

FRANÇOIS JANNE D’OTHÉE

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