Marie Janson (au centre) : la première sénatrice belge. © DR

27 mars 1948 : le jour où les femmes belges obtiennent le droit de vote

« Les femmes sont admises au vote dans les mêmes conditions d’âge, de nationalité et de domicile. » Alors que les hommes sont égaux face aux urnes depuis 1919, ce n’est qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que les femmes belges reçoivent le droit (et l’obligation) de voter.

En adaptant sa législation, la Belgique ne fait que rattraper son retard sur bien d’autres pays. Les femmes votent en Nouvelle-Zélande depuis 1893, aux Pays-Bas depuis 1919, en France depuis 1944. Mais ne soyons pas trop sombre. Par rapport à d’autres Etats, la Belgique est en avance ! Ce n’est qu’en 1999 que les femmes pourront voter au Qatar. Et en 2015 que les Saoudiennes se rendront aux urnes pour la première fois.

Dès le lendemain de la Première Guerre mondiale, les débats s’animent à Bruxelles. Les forces catholiques se montrent alors favorables au vote des femmes. Au contraire des socialistes et des libéraux. Qui prétendent qu’il convient d’abord d’assurer l' » émancipation civile  » et l' » éducation politique  » de ces dames. Des prétextes ! En réalité, les gauches redoutent surtout que celles-ci votent comme leur confesseur. Et contribuent ainsi à asseoir la domination cléricale.

Un compromis est trouvé. Toutes les femmes reçoivent le droit de voter aux communales – considérées comme de moindre importance. Par ailleurs, les veuves et mères de soldats décédés pourront voter aux législatives, ainsi que les femmes condamnées par l’occupant pour motif patriotique. Le poids des heureuses élues est minime : elles ne représentent que 0,5 % des électeurs. En attendant, la situation n’est pas sans paradoxe. Seule une infime minorité de femmes peut voter mais toutes les Belges peuvent être élues. Dès 1921, Marie Janson devient la première sénatrice du pays.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la question se repose. Certes, la Belgique connaît encore un modèle familial extrêmement traditionnel, qui assigne les hommes à la production et les femmes à la reproduction. En même temps, peut-on plus longuement refuser à ces dernières un droit si légitime ? Intéressant : l’octroi du suffrage est moins vu comme la reconnaissance d’une réelle égalité que comme une récompense à l’égard des femmes, qui se sont illustrées dans la Résistance.

Mais à nouveau, les gauches rechignent. Tandis que le pays se divise sur la Question royale, elles craignent que le vote de femmes profite surtout à… Léopold III ! Et elles enrobent leurs véritables craintes dans de fallacieux arguments : les femmes elles-mêmes ne seraient pas demandeuses. Surtout, elles ne posséderaient pas la culture politique nécessaire…

L’inévitable se produit. Le 27 mars 1948, la loi faisant des femmes des électrices à part entière est signée. La féminisation des électeurs ne coïncidera toutefois pas avec une féminisation significative des élus. Avant 1971, la proportion de parlementaires portant la jupe ne dépasse pas les 4 %. Dans les années 1990 et 2000, le politique s’attaquera au problème en instaurant des règles de quotas. Ce en quoi la Belgique se montrera pionnière.

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