23,7 % = la surpopulation carcérale à cause des criminels

Le Vif

« Comme partout, le nombre de détenus augmente dans notre pays à mesure de la hausse de la criminalité, notamment due à la crise » . Annemie Turtelboom, ministre de la Justice Open VLD, 20 décembre 2012.


Décodage

De 2000 à 2012, l’ensemble des infractions pénales enregistrées en Belgique a augmenté de 7 %, tandis que la population progressait d’environ 8 %. On peut donc parler d’une baisse relative de la criminalité globale. Dans le même temps, le nombre de détenus est passé de 8 688 à 11 107, soit + 27,8 %. Comment est-ce possible ? Cela peut surprendre, mais il n’existe en réalité aucun lien direct entre criminalité et « pénalité », comme disent les criminologues. Le taux de détenus dépend essentiellement de facteurs comme la définition des faits criminels (le vagabondage, par exemple, n’est plus réprimé), la sévérité des peines, l’abus de la détention préventive (un tiers des détenus sont en attente de jugement, donc présumés innocents) ou encore le durcissement des conditions de libération. En revanche, les auteurs Georg Rusche et Otto Kirchheimer ont établi dès les années 30 un lien évident entre périodes de crise et répression pénale accrue. Un phénomène confirmé statistiquement depuis, entre autres, par la chercheuse belge Charlotte Vanneste, de l’Institut national de criminalistique et de criminologie. La Belgique a ainsi connu son pic d’incarcérations par habitant en 1848, année marquée par une crise alimentaire aiguë.

Comment pourrait-on accuser la ministre de laisser les prisons exploser alors que cette surpopulation reflète simplement la hausse de la criminalité ? Et pourtant.

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