Peter Mertens et Raoul Hedebouw © BELGA

2018, l’année de la percée du PTB en Flandre?

Niels Verdonck
Niels Verdonck Collaborateur Knack.be

Lors de la présentation de son programme anversois, le président du PTB/PVDA, Peter Mertens, a annoncé qu’il voulait percer dans « 20 villes en Belgique ». « Un projet très ambitieux » pour le politologue Dave Sinardet (VUB/Université Saint-Louis).

Le programme du PVDA Anvers n’y va pas par quatre chemins : « pas de bricolage, mais une révolution urbaine », lit-on. Quelques pages plus loin, le titre : « les néolibéraux ont détourné la ville ». Le PVDA affûte les rapports politiques dans la plus grande ville de Flandre. « C’est un choix entre le modèle N-VA, et le modèle PVDA ». Pour Mertens, le modèle N-VA bénéficierait surtout aux riches et aux promoteurs immobiliers.

Les chiffres du bureau de recherche TNS révèlent que 20% des Flamands pourraient voter pour un parti marxiste. En mai 2013, c’était encore 14%. Mertens souhaite également s’emparer d’un siège au parlement flamand en 2019.

Les politologues Dave Sinardet (VUB) et Nicolas Bouteca (Université de Gand) mettent en doute l’ambition du PVDA. « C’est très ambitieux d’être élu dans vingt villes », affirme Sinardet. « Ils réussiront probablement à Anvers et à Gand, mais ce sera plus difficile aux autres endroits » ajoute Bouteca. « Au niveau national, le PVDA a des personnages forts, tels que Peter Mertens et Raoul Hedebouw, mais les élections locales restent une question de problématique locale. Ici et là, le PVDA obtiendra un siège – à Zelzate par exemple, ils sont traditionnellement forts -, mais ils prendront surtout des voix à Groen et au sp.a. »

Il est difficile de savoir qui sortira son épingle du jeu à gauche. Sinardet : « À gauche, le sp.a est en difficultés, il y a une opportunité, mais Groen aussi a le vent en poupe. » Une étude de TNS révèle que 39% des Flamands pourraient voter Groen. « Groen est plus visible et localement, il est plus développé que le PVDA. Groen possède donc un avantage organisationnel », estime Bouteca. Pourtant, Groen ne soumet pas de liste dans chaque commune. « La règle générale, c’est que les petits partis ont souvent du mal au niveau local. C’est là aussi que Lijst Dedecker a échoué », se rappelle Sinardet. »C’est un travail de titan de monter des départements locaux forts, la N-VA a misé très fort là-dessus aux élections communales précédentes.

Les spécialistes ne sont pas nécessairement des attrape-voix

Le PVDA tente de se profiler dans le débat de l’énergie et des pensions. « Il est clair que le PVDA a progressé comme parti politique », affirme Sinardet. « Ils ont une série de personnes sérieuses qui font un bon travail de fond, mais cela n’en fait pas des attrape-voix. » Bouteca confirme qu’ils sont spécialistes dans leur domaine, « mais ils ne sont connus que des gens qui suivent la politique de près. »

En revanche, le parfait bilingue Raoul Hedebouw est bien connu du grand public, notamment grâce à son passage dans le quiz télévisé De Slimste Mens ter Wereld. Hedebouw siège dans le conseil communal de Liège et se fait régulièrement remarquer par ses ripostes cinglantes à la Chambre. « Le problème, c’est évidemment qu’Hedebouw ne se présente pas en Flandre », observe Sinardet. « C’est l’une des plus grandes faiblesses du PVDA en Flandre, ils n’ont pas de figure populaire et charismatique. J’ai compris que le PVDA essaierait de jouer la carte Hedebouw en Flandre aussi, ce qui ne me semble pas illogique. Bart De Wever aussi était partout en 2012, alors que seuls les Anversois pouvaient voter pour lui. » Bouteca relativise l’impact de figures nationales. « Une étude sur les motifs de vote aux élections locales indique qu’aux élections communales les électeurs votent d’abord pour les candidats qui abordent leurs problèmes locaux.

Bart De Wever restera-t-il tout de même bourgmestre ?

Interrogé par Newsmonkey en 2016, le président de la N-VA Bart De Wever décrivait le PVDA comme « un déchet résiduel du 20e siècle ». Les comparaisons avec la Corée du Nord et le Venezuela ne sont jamais loin.

« Je vois peu de raisons concrètes de qualifier le PVDA de communistes forcenés. Le parti ne me fait pas penser à un régime stalinien. Ils sont radicaux de gauche, mais assez modernes. Le spectre de la Corée du Nord joue un rôle, mais c’est surtout de la mise en scène », déclare Bouteca. « Cette étiquette extrémiste peut fonctionner dans les deux sens », affirme Sinardet. « D’une part, cela peut être de la publicité. Leur image de parti qui effraie les partis traditionnels peut tourner à leur avantage. C’est ce qu’on voyait autrefois au Vlaams Blok. D’autre part, dans le cas d’Anvers par exemple, une voix pour le PVDA peut se ressentir comme une voix perdue. Comme le CD&V ne veut pas coopérer avec le parti de Mertens, cela peut garder Bart De Wever en selle – du moins à court terme. C’était également le cas du Vlaams Blok, qui indirectement a gardé les socialistes anversois au pouvoir à Anvers. »

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