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2015 en 15 mots: Survol

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Les yeux rivés sur le ciel bruxellois, les convoyeurs attendent. La « solution équilibrée » promise par la ministre Jacqueline Galant se fait désirer. A vrai dire, il n’y a plus grand monde pour croire à une « solution ». Et encore moins « équilibrée ».

Les semaines passent et le ciel bruxellois garde ses sempiternelles zébrures. En acceptant le poste de ministre de la Mobilité, la libérale Jacqueline Galant savait que ce ne serait pas du gâteau. Tant mieux : elle n’aime pas le gâteau. Venue de sa Wallonie profonde, donc épargnée par les nuisances sonores autour de l’aéroport, la ministre avait assuré que son regard neuf, sa détermination et son pragmatisme lui permettraient de trouver une solution là où tous ont échoué jusqu’à présent. Objectif : assurer le développement de l’aéroport, des affaires et de l’emploi qui y sont liés, tout en améliorant la qualité de vie des Bruxellois installés sous les routes aériennes. C’était il y a un an. A ce jour, cette mystérieuse solution miracle n’a pas émergé. On peut même penser que l’affaire Clifford-Chance en a encore ralenti le processus.

Dans tous les cas, on voit mal comment Jacqueline Galant pourrait accoucher d’un plan de survol qui comble toutes les parties en présence. On sait Belgocontrol, gestionnaire des routes aériennes et virtuose de la non-transmission d’informations, prompt à défendre plutôt les intérêts flamands. On sait les partis flamands très préoccupés par la poule aux oeufs d’or que l’aéroport représente pour leurs électeurs, qui bénéficient majoritairement de ses emplois : Zaventem représente le deuxième pôle économique du pays. On sait les associations de riverains à la fois très à la pointe sur les questions techniques et inflexibles sur leurs exigences. On sait, enfin, que la Belgique est un Etat fédéral et que, pour le coup, cette donnée enferme la ministre Galant dans une tenaille à pinces multiples.

Alors que la Région flamande nous avait habitués à refuser toute concession dans la question du survol, voilà que la Région bruxelloise, incarnée par la ministre de l’environnement Céline Fremault (CDH), montre à son tour les crocs : les normes de bruit, régulièrement dépassées, pourraient devenir plus sévères et les amendes, plus corsées. Nul n’ignore que Bruxelles-Capitale pourrait aussi saisir les tribunaux pour se défendre face aux pouvoirs fédéral et flamand qui donnent parfois le sentiment de s’en moquer comme d’une guigne.

Enfin, les membres du MR, bourgmestres, pour certains, dans la capitale, exclus du pouvoir régional bruxellois mais liés au gouvernement fédéral dont fait partie leur formation, continuent à faire le grand écart : défendre leurs ouailles, certes, mais sans faire la courte échelle au gouvernement bruxellois composé sans eux. Réclamer l’allongement de la nuit, bien sûr, mais sans faire ombrage à la ministre fédérale bleue. Combien de temps tiendront-ils, alors que les élections communales de 2018 s’annoncent ? C’est l’un des noeuds, et l’une des clés, de ce dossier pourri.

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