Bart De Wever © BELGA

2015 en 15 mots: N-VA (12/15)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le parti nationaliste flamand de Bart De Wever a donné le ton au sein de la majorité en cette année très sécuritaire. Mais le pari du MR reste de mise : belgiciser les indépendantistes.

Bart De Wever par-ci, Bart De Wever par-là. Le président de la N-VA a choisi de ne pas entrer dans le gouvernement Michel et de rester bourgmestre d’Anvers, mais il ne fut quasiment pas une semaine sans qu’on ne parle de lui. D’une provocation à l’autre, il a fait l’actualité. Quitte à confirmer l’impression que le parti nationaliste flamand tire les ficelles de la suédoise en lieu et place de Charles Michel ? C’est le message de la massive opposition francophone fédérale (PS, CDH, Ecolo, FDF, PTB).

 » On peut penser ce qu’on veut des idées de Bart De Wever, mais il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas « , constate Carl Devos, politologue de l’université de Gand, après l’avoir invité à sa leçon inaugurale, fin septembre. En pleine crise des réfugiés, le leader populiste affirme que les accords européens de Schengen, garants de la libre circulation des personnes, sont  » cliniquement morts « . Ou encore qu’il est indispensable de  » revoir la Convention de Genève « , qui définit le statut de réfugié. Des propos qui  » portent atteinte à nos valeurs fondamentales « , dénonce le président du PS, Elio Di Rupo. Le leader de la N-VA provoque pour éviter que l’électorat d’extrême droite qui a rejoint son parti, ces dernières années, ne reparte vers le Vlaams Belang. Car cette participation gouvernementale sans réforme institutionnelle est à haut risque pour la N-VA.

Si le président du premier parti de la coalition fédérale oriente parfois la politique belge, ce n’est que par petites touches. En restant à l’écart de la rue de la Loi, il a perdu de l’influence au profit de ses ministres, le vice-Premier Jan Jambon en tête, davantage loyal et conciliant, ou le secrétaire d’Etat Theo Francken, contraint de gérer la crise de l’asile au quotidien. Sa popularité en Flandre vacille. Le Premier ministre, Charles Michel, l’y devance. Un signe.

Le pari du MR ? Normaliser la N-VA. Il y parvient en partie. A la tête de départements clés du pays (Intérieur, Défense, Asile, Finances), les nationalistes investissent le fédéral avec d’autant plus d’énergie que les circonstances l’ont imposé, de la menace terroriste au  » tax-shift « . On n’entend guère Geert Bourgeois, qui a réalisé son rêve de devenir ministre- président flamand, plaider pour le confédéralisme. Hendrik Vuye, chef de groupe N-VA à la Chambre, se veut toutefois philosophe :  » Ce n’est pas la N-VA qui se belgicise, mais bien la Belgique qui se flamandise.  » Alors que Charles Michel n’exclut pas un deuxième bail avec la N-VA après les élections de 2019, autant garder cette phrase en mémoire. Tôt ou tard, on reparlera de confédéralisme…

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