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2015 en 15 mots : Michel

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le Vif/L’Express revient sur l’année 2015 en 150 mots clés et 200 photos. Nous en avons sélectionné 15. Voici le sixième: Michel. Sa première année complète au poste de chef du gouvernement belge a été à l’image de sa prise de fonction : tourmentée. Charles Michel est bien le Premier ministre d’un pays en pleine tempête.

Il est éreinté, mais comblé d’être au Seize. Quand Charles Michel se confie, c’est pour dire combien il s’épanouit comme un  » jeune Premier « , tout en ayant un sens aigu de sa responsabilité.  » Je me sens vachement bien dans la fonction. C’est sûr, il y a de la pression, parfois je trouve les analyses de notre action injustes. Mais j’aime être le gardien d’un cap, d’une orientation, d’une stratégie. Et je sais que normalement, le temps est avec moi.  » Autant 2014 avait été l’année de son éclosion surprise au plus haut niveau, autant 2015 est celle de la confirmation dans des circonstances dantesques. Entre mise en place des réformes contestées, peaux de banane posées par ses partenaires et, surtout, réactions aux dérives terroristes de notre temps.

Le plus jeune Premier ministre de l’histoire belge – du moins depuis que cette fonction porte ce nom – a renforcé sa position à la tête d’une majorité déterminée à aller jusqu’au bout. Ambitieux, il veut marquer le pays de son empreinte. Son obsession ? Réformer en menant à bien toutes les actions rendues enfin possibles par le renvoi des socialistes dans l’opposition. Lui, le prétendu  » kamikaze « , se pose en homme d’Etat à la main ferme. Sûr de lui en Europe, aux côté de ses  » amis  » Angela (Merkel) et François (Hollande).

En 2015, il a dû faire ses preuves. Sur tous les fronts. Car l’agenda politique a été surchargé pour celui qui a fêté ses 40 ans le 21 décembre. Attentats à Paris et menaces chez nous, crises européennes majeures (Grèce, réfugiés) et ambitions socio-économiques : rien ne lui a été épargné. Il a dû faire preuve d’une maîtrise constante de ses nerfs et d’une force de travail immense – ses deux grandes forces. Mais les circonstances, tous comptes faits, l’ont servi.

Car sa suédoise de centre-droit sait jouer de cette ère instable. Quand, le 7 janvier, l’année commence de façon cauchemardesque avec la première vague d’attentats à Paris contre les caricaturistes de Charlie Hebdo, le gouvernement a du répondant. Il se félicite de la célérité des services de sécurité qui déjouent une attaque sur notre territoire en intervenant à Verviers. Surtout, la majorité propose une réponse politique clé sur porte, sous la forme d’un plan en douze points pour lutter contre le terrorisme : déploiement de l’armée dans les rues, retrait de la nationalité pour les djihadistes, extension des méthodes spéciales de recherche… Une musculation made in N-VA. L’année se termine de façon tout aussi noire avec le massacre sans précédent de Paris. La Belgique est montrée du doigt en tant que  » base arrière du terrorisme « , mais Charles Michel bombe le torse, lance de nouvelles mesures. Avec un slogan made in N-VA, là encore :  » La place des djihadistes qui rentrent de Syrie, c’est en prison.  » L’image que l’on retiendra de cette année, c’est celle d’un Premier ministre aux cernes marqués, gérant jour et nuit un pays sous menace 4, et pas à l’abri des reproches.

La menace terroriste ne doit pas faire oublier des séquences politiques difficiles sur le plan intérieur, les piques de la N-VA, les doutes du CD&V et les errements de ministres MR. L’été, Charles Michel vend un  » tax-shift  » historique. L’automne, il remplace son ministre du Budget, Hervé Jamar, par Sophie Wilmès, défend sa ministre Jacqueline Galant coupable de largesses et d' » imprudence  » dans les marchés publics et pallie les faiblesses de Marie-Christine Marghem sur la relance du nucléaire. Autant de moments au cours desquels le locataire du Seize doit jouer au pompier et défendre les siens dans une Chambre survoltée. Non sans un zeste d’arrogance, parfois.

L’homme, du côté francophone, a le sentiment d’être incompris. Tandis qu’en Flandre, on le soutient, on le considère tour à tour  » courageux  » de réformer le pays ou  » aimable  » tant il communique aisément en néerlandais. Messianique comme bien des numéros un politiques, Charles Michel se dit convaincu d’avoir choisi le bon cap. Il sait qu’il sera jugé dans quatre ans sur son bilan socio-économique, sur la création de ces  » jobs, jobs, jobs  » – encore un slogan. C’est aussi pour cela qu’il investit l’Europe et lance fièrement un  » agreement  » sur Twitter au bout de la négociation pour éviter la faillite de la Grèce. Il sait que la prospérité de la Belgique n’ira pas sans celle de cette Europe contestée.

Avec la  » nouvelle génération  » des quadras au pouvoir, Charles Michel veut réformer la Belgique pour qu’elle ne sombre pas. Au nom de ses enfants. Le 30 septembre, c’est le président Barack Obama en personne qui annonce l’heureux événement attendu par sa compagne Amélie. De l’art de maîtriser la com, pour entrer dans l’histoire. Mais au bout de 2015, c’est surtout un monde sans peurs qu’exigent de lui tous les parents.

Découvrez les 149 autres mots de l’abécédaire 2015 dans le numéro collectif du Vif/L’Express, en librairie dès le 24 décembre, et pour trois semaines.

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