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20 mois de prison avec sursis requis contre le député Laurent Louis

Le Vif

Le ministère public a requis, mardi après-midi, une peine de 20 mois de prison avec sursis à l’encontre du député fédéral indépendant Laurent Louis, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Laurent Louis est prévenu d’outrages à l’égard du Premier ministre, de calomnies à l’égard d’un journaliste et de plusieurs autres personnes ainsi que de recel de pièces du dossier Dutroux.

Le ministère public a estimé que toutes les préventions étaient établies à l’encontre de Laurent Louis et a requis une peine de 20 mois de prison avec sursis et une amende de 50.000 euros.

« Monsieur Louis a commis des outrages dans l’hémicycle et encore ici en audience publique. Il a calomnié diverses personnes en publiant une liste de personnalités prétendument impliquées dans des réseaux pédophiles et il a rompu le secret professionnel en qualité de parlementaire en diffusant des pièces de la commission d’enquête Dutroux », a exposé la substitute du procureur du Roi. « Le fer de lance de monsieur Louis, c’est l’affaire Dutroux. Il fait fi du droit, du respect et des responsabilités liées à sa fonction publique pour parvenir à ses propres fins », a estimé la procureure.

« Concernant la fameuse liste, s’il l’a reçue c’est qu’elle est vraie, selon lui. Avec monsieur Louis, tout le monde a quelque chose à se reprocher et on pourrait tous sortir de cette audience menottes aux poignets », a-t-elle poursuivi. « Il a un rapport à la vérité très particulier et un rapport aux médias particulier également. Sa méthode, c’est de faire des sorties dans la presse. Il se pose en justicier et ça émeut, ça choque, ça suscite des réactions », a encore analysé le ministère public.

La défense de Laurent Louis plaide l’irrecevabilité des poursuites

Le conseil de Laurent Louis, Me Sébastien Courtoy, a plaidé l’irrecevabilité des poursuites à l’encontre de son client. Me Courtoy a exposé que, selon lui, les faits reprochés à son client devaient être considérés comme un délit de presse puisqu’en partie réalisés via son blog. Il estime que l’affaire devait donc être traitée par la cour d’assises.

A la fin de l’audience, Laurent Louis s’est dit « fier de n’avoir gardé aucun secret pour lui-même ». « Je ne suis pas fou. Je ne suis pas le dernier des imbéciles comme on voudrait le faire penser. Ce procès n’a pas lieu d’être et j’espère que vous ne subirez aucune pression du monde politique, parce que c’est un procès politique », a-t-il déclaré à ses juges.

Laurent Louis, député indépendant et fondateur du parti « Debout les Belges », est prévenu d’outrages à l’égard du Premier ministre Elio Di Rupo qu’il avait traité de pédophile, de calomnies à l’égard d’un journaliste du journal Le Soir qu’il avait qualifié de « protecteur des pédophiles » mais aussi à l’égard de nombreuses autres personnes ainsi que de recel de pièces du dossier Dutroux.

Lors d’une conférence de presse en avril 2012, Laurent Louis avait en effet dénoncé l’existence de réseaux pédophiles en Belgique et avait montré deux photos provenant du rapport d’autopsie de Julie et Mélissa, victimes du pédophile Marc Dutroux. A la même période, il avait également publié sur son blog une liste de personnalités présentées comme des proches de réseaux pédophiles en Belgique.

Environ 70 personnes se sont rassemblées mardi midi devant le Palais de justice de Bruxelles en soutien au député. Elles espéraient pouvoir entrer afin d’assister à la comparution en correctionnelle de Laurent Louis, mais l’accès au Palais de justice leur a été refusé par la police, dont un dispositif assez important était sur place. L’action s’est déroulée sans incident.

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